Jazz or jazz J3 : soirée pleine d’audace !
La musique se mêle à ces rencontres, voyage, s’enrichit au cours de son histoire. Jazz or Jazz veut nous en donner la preuve, cette musique est vivante, évolue, bouge, s’ouvre ! D’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, d’une influence à l’autre.
Il est aussi de ces mariages qui se font entre générations, quand des musiciens d’âges différents se retrouvent pour partager leurs musiques. Au-delà d’un passage de témoin, c’est un dialogue qui se noue, ce fut le cas hier soir.
Mulatu Atsake est un musicien arrangeur éthiopien né en 1943, père de l’éthio-jazz, musique mariant le jazz, les musiques traditionnelles éthiopiennes, le funk, les musiques latines. Il tourne depuis quelques années avec un groupe de 8 jeunes musiciens anglais.
La section de cuivre sax-trompette est brillante, la rythmique endiablée. Avec autant d’instruments, il est parfois difficile d’entendre qui fait quoi mais on voyage. Mulatu passe du vibraphone aux percus, dirigeant les musiciens, distribuant la parole. Peut-être un peu effacé, mais ses compositions suffisent à nous rappeler le pedigree de ce grand monsieur.
L’affiche suivante est alléchante, 2 pionniers qui se font face. Tony Allen, cofondateur de l’afro-beat, rencontre Jeff Mills, figure tutélaire de la techno, aux origines du son de Détroit, base de lancement de cette révolution musicale. Deux musiciens du rythme. Deux générations du « beat ».
Le projet, très rythmique, confronte les machines de l’un à la batterie de l’autre. Le tout arbitré par un musicien aux claviers. Loin de clichés du « boum-boum » techno, la musique est subtile et bien qu’on sente Tony Allen pas forcément concerné par ce Ping Pong, la transe prend et on se laisse entraîner dans les longues plages minimalistes. Le public qui reste (une partie certainement déstabilisée par cette programmation, nous ayant abandonné durant le set) salue ce face à face, peut être un peu clinique ou froid, mais d’une belle liberté.
Après cette soirée, il reste ces échanges, ces passages, ces mélanges. Cette certitude que ce qui fait le jazz, au delà d’une théorie ou d’un solfège, c’est cette liberté. Ces espaces ouverts où du Dixieland au Free, il s’agit de partage et de jeu.