Expositions

Rire fish, un artiste à prendre au sérieux

Le Street artist orléanais exposera à l’Empreinte Hôtel, les 14, 17, 18, 19, 24, 25 et 26 juillet prochain. L’occasion pour nous d’aller à la rencontre d’un artiste pas comme les autres.

Il y a des personnages qui, quand on les rencontre, donnent à s’interroger sur le sérieux de leur démarche. Il y en a d’autres qui, trop empruntés, trop marqués, oubliant le « il ne faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou« , jouent un rôle qui n’est pas le leur. Et puis, il y a Rire, personnage atypique, aux rêves simples et lucides : « Mon rêve, je le vis en ce moment« , déclare-t-il au moment où l’on évoque son avenir, dans une discussion déjà bien amorcée.

Mais avant l’avenir, il y a le passé. Celui d’un ado, qui, comme tout jeune de son âge, en vient à transgresser ces premières règles. « Dire comment tout ça a commencé, le pourquoi du comment, j’en suis incapable. À la base, ça part de l’envie d’un pote qui faisait du skate avec moi, d’abandonner sa planche pour se mettre au graffiti. Moi j’ai suivi un peu le truc et puis c’est le truc qui m’a rattrapé« , évoque-t-il.

Issu d’une famille d’artistes, avec des grands-parents et une sœur qui peignaient, Rire a baigné dans un milieu artistique pendant son enfance. Mais jamais avec l’idée d’en faire son métier, de devenir un artiste professionnel, rémunéré pour son art. « C’est quand ma fille est née que ma femme m’a mis une sorte de coup de pied au cul, évoquant avec moi, ce que je faisais et que si je le faisais pour le plaisir, je vous pouvais peut-être le faire en étant payé« , avoue-t-il.

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L’humanité est une plante qu’il faut arroser avec de l’art ! Fresque réalisée en collaboration avec l’artiste parisien « Panonerpan » en juillet 2017. On y reconnait le poisson qui a fait connaître Rire

À ce moment-là, Rire commence à être connu, avec ses poissons aux yeux globuleux, qu’il réalise et colle un peu partout dans Orléans. Une vision de l’art authentique, accessible à tous, et fait de partage car quiconque voulait alors s’approprier une oeuvre pouvait la décoller pour la ramener chez lui et la recoller. C’est aussi ça Rire, un personnage entier, empli de générosité et d’une conception particulière de l’art. Petit à petit, la sauce prend et il s’éclate, vit sa vie d’artiste, entre peinture, sculpture, upcycling, et sa vie de papa, avec des yeux qui brillent quand il évoque sa fille. Il vit sa vie et fait « ce qu’il veut, quand il veut« , en ayant une vision critique du business de l’art même s’il en vit.

Et quand on lui demande ce qu’il pense de cette mue entre la vie d’artiste de rue devenu street artist : « Ça a été un gros combat avec moi de passer de quelque chose d’accessible à tous à des œuvres à acheter. Je continue à travailler la rue, beaucoup moins, bien sûr, qu’à une époque, parce que j’ai ma fille, pas de temps et je suis moins inconscient. J’ai grandi« . Sans doute avec son art et toujours en pensant à ceux qui auraient moins d’argent à mettre dans des œuvres. « J’essaye de toujours mettre des goodies, d’organiser des chasses au trésor, de faire un truc, une petite action pour monsieur tout le monde, parce que je suis monsieur tout le monde aussi« . La question continue de le tarauder entre vivre de son art et le faire gratuitement, entre ne parler qu’à une élite qui aurait le pouvoir financier et ceux qui n’auraient pas le sou. C’est aussi ça Rire. L’humilité franche, la générosité lucide.

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La nouvelle expo de Rire sera visible à partir du 14 juillet à l’Empreinte Hôtel

Et quand on lui parle d’Orléans comme étant peut être une ville de street art, entre Mifamosa, Onie, M. Chat et les autres, il sourit, plutôt mitigé sur la question. Une nouvelle fois, il se pose et réfléchit autour des concepts d’élite et de rue. « Est-ce qu’à Orléans, on voit vraiment des œuvres dans la rue ? On se dit ville de street art parce qu’on voit des choses dans des galeries mais il n’y a pas trop d’art de rue dans la rue« . Alors lui, il continue son bonhomme de chemin en s’inspirant de ce qui l’entoure, son quotidien, ses coups de cœur et ses coups de gueule. À 28 ans, il a l’avenir devant lui. Ça commencera par son expo à l’Empreinte Hôtel. On y sera. Parce qu’on a toujours kiffé ! Et parce que Rire en vaut la peine.

Art Pocalypse, le 14, 17, 18, 19, 24, 25, 26 juillet :
– Ouverture au public de 15h à 23h, nocturne dans le cadre des « Empreintes Estivales », un événement organisé par l’Empreinte Hôtel (la rue d’Alibert sera piétonne a partir de 18h, des glaciers, des groupes de musique seront présents et des animations sont prévues)
– Il n’y aura pas de vernissage publique mais Rire réalise des « vernissages privés » sur réservation les vendredi et samedi de 12h à 15h (10 personnes max. par heure), visite de l’expo par l’artiste (verre offert et petites surprises 😉 ). Réservation par mail: graffco@hotmail.com

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