Un jour un film : Ma vie de Courgette
Durant le confinement, on vous propose de (re)découvrir des réalisateurs. On poursuit cette semaine avec Céline Sciamma et Damien Chazelle.
Rappel listing : https://piao.fr/2020/04/redecouvrons-des-realisateurs/
Céline Sciamma
En seulement quatre films, Céline Sciamma, 40 ans, a atteint les cimes du cinéma français, devenant l’une de ses plus éclatantes ambassadrices. Céline Sciamma a d’abord suivi une formation de scénariste à la FEMIS. Outre ses scénarios, qu’elle a tous écrits, on lui doit aussi les trames de Ma Vie de Courgette de Claude Barras (pour lequel elle a reçu le César de la meilleure adaptation) ou de Quand on a 17 ans d’André Téchiné. Sa précision d’écriture s’accompagne d’un incroyable sens de l’épure et de la sobriété. Chez Sciamma, il n’y a jamais de gras, d’emphase, d’émotions sur-appuyées. Tout passe par un sens du cadre minutieux, par une économie de mouvements et de gestes. Ses quatre longs-métrages interrogent profondément et intimement, surtout dans leur manière de figurer la volonté d’émancipation des personnages, leurs rapports au corps et l’irrésistible émergence d’un désir. Car c’est surtout de ça dont il est question : comment nait-on dans le regard d’un autre et comment grandit-on en harmonie avec ses envies, ses souhaits ? En cela, le cinéma de Sciamma brille par une approche socio-psychologique assez imparable.
Ma vie de Courgette
Courgette n’a rien d’un légume, c’est un vaillant petit garçon. Il croit qu’il est seul au monde quand il perd sa mère. Mais c’est sans compter sur les rencontres qu’il va faire dans sa nouvelle vie au foyer pour enfants. Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice : ils ont tous leurs histoires et elles sont aussi dures qu’ils sont tendres. Et puis il y a cette fille, Camille. Quand on a 10 ans, avoir une bande de copains, tomber amoureux, il y en a des choses à découvrir et à apprendre. Et pourquoi pas même, être heureux. Ce petit bijou de Claude Barras en stop-motion, écrit en collaboration avec Céline Sciamma, s’inspire d’Autobiographie d’une courgette, un roman de Gilles Paris. Si l’image est particulièrement soignée (les paysages sont ainsi d’une simple beauté très émouvante), il ne faut pour autant pas manquer de remarquer le travail sur le son et la musique jamais envahissante (au contraire des animations américaines) de Sophie Hunger. Courgette est ce petit orphelin vaillant qui ne s’effondre pas. Il ne renonce pas, il n’abandonne pas, il ne désarme pas devant son drame et sa souffrance : Courgette est vivant et dans ses grands yeux naïfs vivent l’espoir et le réenchantement. Tout est dur, tout est tendre, tout est drôle. «Parfois on pleure car on est heureux», explique le policier en charge de «Courgette». Cela marche aussi pour le cinéma…
Et vous, vous avez aimé ?
Prochain film : Tomboy