Cinéma

« Room » de Lenny Abrahamson, la créativité dans 9m²

Film à la thématique lourde mais oeuvre lumineuse, le magistral Room de l’irlandais Lenny Abrahamson s’avère être un incroyable défi de mise en scène doublé d’un drame poignant qui ferait passer notre confinement douillet pour des vacances de milliardaires.

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On n’est pas les seuls à penser que ce film est l’un des meilleurs de ces dernières années

Synopsis: Emprisonnée depuis 7 ans par Nick, Joy élève son fils de 5 ans, Jack. Chaque jour, elle tente de repousser sa condition pour émerveiller son fils jusqu’à ce qu’elle mette au point un plan pour s’enfuir et lui faire découvrir le monde.

Lors la cérémonie des Oscars 2016, alors que tous les feux étaient braqués sur Brie Larson, couronnée de la statuette pour son interprétation magistrale dans Room, Lenny Abrahamson était loin d’attirer l’attention. Bataillant pour le titre de meilleur réalisateur face aux monstres Alejandro Inarritu et George Miller, l’Irlandais rendait pourtant une copie quasi-parfaite. Alors que Miller (Mad Max Fury Road) et Inarritu (The Revenant) filmaient les grands espaces, la nature et l’immensité, Abrahamson filmait le quotidien cloisonné de Joy Newsome et de son fils Jack dans leur chambre de quelques mètres carrés, à la fois prison et monde entier.

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Enfermés et se réinventer

Room s’articule comme un film en deux parties; d’abord, celle dans laquelle Joy et Jack sont enfermés. Joy, séquestrée et subissant les horreurs de son bourreau, s’efforce de faire de l’existence de son fils Jack un monde de découvertes et d’apprentissage ludique. La caméra de Lenny Abrahamson fait écho à l’ingéniosité de Joy. Elle court aux quatre coins de la pièce, elle fixe ce carré de ciel inaccessible du velux de la pièce, captant la chaleur des corps et du soleil dans un naturalisme que n’aurait pas renié Terrence Malick.

Intimiste, l’oeil d’Abrahamson observe la relation d’une mère protectrice et de son enfant. Ne sombrant jamais dans le pathos, Room prend au cœur comme il prend aux tripes; le désir de vivre, d’aimer et de se libérer de toutes les prisons.

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Fixer le ciel et penser à un avenir meilleur

La seconde partie s’articule autour d’un retour à la vie « normale » pour Joy et son fils, début d’une tentative d’affranchissement, confrontés à une toute autre violence. Il faut désormais apprendre à vivre dans ce vrai monde, faire face aux jugements et à de nouveaux bourreaux pernicieux. L’éducation de Jack est une déclaration d’amour à la vie, le combat de Joy est une lutte contre toutes les prisons, faites de murs ou de mots.

Combat superbe d’une mère pour son enfant, envers et contre tous (et tout), campée par Brie Larson au sommet de son art et filmée par un réalisateur qui ne cesse de repenser sa mise en scène pour l’adapter en fonction de chaque enjeux narratifs et émotionnels, Room est assurément l’un des films les plus beaux de la dernière décennie.

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