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La malédiction des Dunois, un film de Patrice Blanchard : ce n’est pas seulement arrivé près de chez vous

Né dans le labyrinthe mental de Patrice Blanchard, un balgentien qui aime tant sa ville qu’il l’a menée jusque devant des caméras, La malédiction des Dunois sort en salles la semaine prochaine. Le film que vous pourrez voir dès le Mercredi 26 au cinéma les Carmes à Orléans et à son homologue le Dunois à Beaugency est pourtant bien plus qu’une production se contentant de prendre l’orléanais pour simple décor : c’est un très bon film, piquant et enchantant avec intelligence les vieilles pierres devant lesquelles nous sommes tous passés au moins une fois.

Synopsis : À la suite d’un meurtre dans la ville de Beaugency, un capitaine de gendarmerie, humoriste à ses heures, va être désigné pour mener l’enquête. Accompagné par un chef qui n’attend que son départ à la retraite, d’une collègue haute en couleur et d’une gendarmette prometteuse, nos quatre complices vont devoir dénouer une intrigue historique mêlant blason, boite à musique, secte mystérieuse et parchemin qui daterait du XVème siècle.

« Il est pas un peu con, l’inspecteur ? » Voilà une question essentielle et légitime. Quand le jeune enquêteur incarné par Alexis Ramos débarque sur une scène de crime en enchaînant les calembours sans sciller, face à un cadavre jouant la mort avec beaucoup de conviction, ce sont plus que des conventions qui s’envolent. Par habitude, le terrain de jeu du cinéma policier a consacré dans le cinéma hexagonal ces figures d’autorité que sont les enquêteurs, les juges et les commissaires dans des costumes cintrés et nimbés de sérieux. En France, on ne rigole pas autant avec les enquêtes que dans le cinéma anglo-saxon. Il existe bien des comédies policières, pour souffler de temps en temps, mais peu ont réussi à éviter les excès de la gaudriole et le plaisir des situations comiques comme le script et les dialogues de l’équipe de la malédiction des Dunois ont voulu le faire. C’est donc dans un esprit burlesque et jouissivement persifleur que le film débute, sous le joug d’un policier stand upper : si les vannes arrivent, elles sont aussi surprenantes que des augmentations de taxe foncière, sauf que vous en rirez plus facilement. Si si, je vous assure.

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En dehors de deux personnes en jaune et en rouge, toute l’équipe du film a l’air d’avoir plutôt bien supporté le tournage

En se constituant un terrain de jeu là où on ne l’attend pas, le film dépoussière par la comédie, la mise en scène et un casting qui laisse transparaître le plaisir qu’il a eu à le jouer, des images de fiction clichées et des clichés devenus fiction. Difficile d’imaginer une telle brochette de personnages se voir confier une telle enquête, remontant au mystère historique né chez les compagnons de Jeanne d’Arc. Pourtant ici, entre les maladresses évoquant les grandes heures de Pierre Richard et les scènes dans l’intimité d’un petit commissariat où on aime bien se marrer, l’écrin du film d’enquête sert ici très bien cet état d’esprit taquin qui donne rapidement envie d’en voir plus. Le grand mystère et des dialogues finement ciselés sont au service d’une chasse au trésor qui réenchante tout ce qu’elle touche. Car en dépit de ce qu’on pense et des conventions sociales, il est très difficile pour n’importe quel adulte normalement constitué de résister plus de 30 secondes à cette idée. Si vous ajoutez le fait que celle-ci prend place sous forme d’un film tourné à côté de chez lui, dans des lieux visités de nombreux regards, mais pas encore par le cinéma, le tour sera joué, vous aurez statistiquement plus de chances de le voir dans la salle en moins de 10 minutes que pour Orléans se voir confier l’organisation des prochains jeux olympiques d’Hiver. Oui, c’est scientifique.

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Toute la réussite et le principal défi de la malédiction des Dunois résident dans cette oscillation entre la facilité de faire un film en se contentant de filmer des belles pierre pour faire oeuvre patrimoniale et cette volonté d’en jouer en faisant un vrai bon film, qui parlera à tous les spectateurs. A commencer par Les plus cinéphiles, ces empêcheurs de tourner en rond à chaque sortie ciné, ceux-là même qui pointent régulièrement l’écran du doigt et interpelle leur famille en hurlant à voix haute ces expressions terrifiantes : « oué c’est pas crédible » ou bien « ah là, ça n’a aucun sens » Ceux-là, oui, apprécieront un découpage, des échelles de plan et une esthétique qui témoigne du soin apporté à ce récit, à l’image d’un incroyable plan séquence tourné dans le lycée François Villon en une seule journée.

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Jour de tournage à la Fabrique opéra

Le film de Patrice Blanchard réussit à mettre en scène le plaisir rétrograde qu’est celui de revivre une enquête digne d’une aventure de Spirou et Fantasio tout en réussissant son hommage à la comédie français des années 70, la filmographie de Louis de Funès en tête. Un grand jeu de chat et de la souris comme le brillant La neuvième porte s’y était aussi glissé, plus sérieusement, mais avec le même plaisir à filmer l’inconnu qui commence sur le pas de la porte d’à côté. Et cet Orléanais qui est le nôtre est en quelque sorte une page peu noircie par les longs métrages, qui feront penser à certains au regretté Alain Corneau, né à Meung-sur-Loire et venu tourner des scènes de son célèbre Police Python 357 dans la cité de la pucelle en 1976. Ici, la malédiction des Dunois a elle tout pour séduire sur son principe même, mais a eu la bravoure digne de Jeanne d’Arc d’éviter ce qu’on aurait trop pu attendre d’une fiction tournée en région. Il en reste une vraie joie à voir un projet monté en province filmer ce qu’elle est en osant se réinventer, défi fantastique et relevé haut la main.

Bande-annonce

AVANT PREMIÈRE EN PRÉSENCE DE L’ÉQUIPE DU FILM

MARDI 25 OCTOBRE – Cinéma Le Dunois Beaugency – 20h30

Réservation : https://www.ticketingcine.fr/?nc=0544&lang=fr&ids=5348…

MERCREDI 26 OCTOBRE – Cinéma Les Carmes Orléans – 18H00

Réservation : https://tickets.allocine.fr/…/F56…/D1666800000/VF/271735

Sortie au cinéma les carmes le 26 Octobre

Prochaines diffusions à BEAUGENCY

Mercredi 26 oct : 18h

Vendredi 28 oct : 18h

Samedi 29 oct : 20h30

Dimanche 30 oct : 17h

Mardi 1er nov : 20h30

Pour en savoir plus

L’épisode de Graffiti cinéma réalisé avec l’équipe du film : https://anchor.fm/grafinma/episodes/LE-MOIS-DES-PREMIERE-FOIS–5-La-maldiction-des-Dunois–un-1er-film-tourn-dans-lOrlanais-e1omi2p

La fiche allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=308386.html

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