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Zéro gloire ou les rêves d’un adolescent déçu

Un premier roman sur un jeune homme qui rêve beaucoup par manque de possibilités dans le présent.

Aurélien se fait appeler Harry par tout le monde. Il ressemble au jeune sorcier alors c’est plus facile. Aurélien voudrait qu’on lui laisse la possibilité d’être lui, juste lui. C’est compliqué. Le chemin est mince. Alors il rêve de Sonia, repense à son enfance. Son esprit vagabonde vite face à une réalité pesante.

Sonia
Le matin, avec les lettres multicolores qui flottent dans mon bol, j’écris son prénom et je la bouffe. La journée, je m’enfonce des S sur l’avant-bras avec la pointe de mon compas. Dans le car du soir, au fur et à mesure que les gamins tombent du bus par paquets, je fais Haha et j’écris Sonia sur la vitre pour l’avoir avec moi. J’écris tellement son prénom qu’il veut plus rien dire, et quand le chauffeur me crie de descendre parce que j’ai la tête dans les Sonia, je sens grossir en moi tout ce qui nous sépare : la porte accordéon qui se referme, le car qui débraye et me laisse dans son petit nuage gris, les dix kilomètres de rien jusqu’à La Fierté où Sonia habite et le silence… le silence. Putain le silence…

Lire ce roman c’est être constamment dans la tête d’Harry. On tourne dans son esprit au rythme des phrases. Les chapitres se succèdent comme les plages d’un album. Pas étonnant. Pierre Guénard fait partie du groupe Radio Elvis. Et on sent un élan dans son phrasé, dans sa manière d’esquisser des bribes de vie. La voix d’Aurélien se fait entendre. Elle résonne fortement et cette tension tient le livre composé de multiples pièces de puzzle.

De chapitre en chapitre, on passe de l’enfance du protagoniste à son adolescence, de son boulot au MacDo aux pompes funèbres. Harry côtoie la surconsommation et la mort. Il est dans l’intensité funeste. Être dans son cerveau, c’est se protéger de cela et percevoir la dislocation d’un jeune homme. Il n’est pas vraiment acteur de sa vie mais surtout spectateur, observateur. Il voit le monde couler devant lui, sombrer en quelque sorte. Mais Aurélien veut s’en sortir. Sonia est une boussole, un phare, une lumière. Harry arrivera-t-il à la rejoindre ? C’est le mince espoir qui lui reste et c’est le fil rouge qu’on suit.


Pierre Guénard, Zéro gloire, Flammarion, 16€.

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Julien Leclerc

Insatiable curieux avec un blog littéraire Le Tourneur de pages (c'est le premier lien ci-dessous)

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