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« La vérité sort de la bouche du cheval » de Meryem Alaoui

Jmiaa, prostituée de Casablanca, vit seule avec sa fille. Femme au caractère fort et à l’esprit vif, elle n’a pas la langue dans sa poche pour décrire le monde qui l’entoure : son amoureux Chaïba, brute épaisse et sans parole, ou Halima, sa compagne dépressive qui lit le Coran entre deux clients, ou encore Mouy, sa mère à la moralité implacable qui semble tout ignorer de l’activité de sa fille. Mais voici qu’arrive une femme, Chadlia, dite « Bouche de cheval » qui veut réaliser son premier film sur la vie de ce quartier de Casa. Elle cherche une actrice.

Prostituée aguerrie, Jmiaa promène ses courbes généreuses et son caractère bien trempé dans les rues de Casa, de la petite pièce où elle vit seule avec sa fille jusqu’à sa place dans l’escalier près du marché où elle alpague ses clients. Le métier n’est pas facile, le quartier est populaire, les affaires se règlent vite, à même le sol, la djellaba à peine retroussée, sans états d’âme ni sentiments superflus. Pour supporter cette vie qu’elle n’a pas choisie, Jmiaa cherche l’oubli dans l’alcool, les cachets, les fous rires avec Samira sa collègue et amie, et les bras de Bouchaïb, son client préféré. Tout change lorsque Hamid, le gardien du parking, lui présente Chadlia, une marocaine qui vit au Pays-Bas. Aussitôt rebaptisée  »Bouche de cheval » par une Jmiaa circonspecte, la jeune femme lui explique qu’elle veut tourner un film, son premier long-métrage, à Casa, sur la vie du quartier, sur une prostituée…Elle veut des conseils, elle veut du vécu, elle veut une actrice…

« Je n’aime pas la lecture. Tu prends un livre, tu te casses le cul à déchiffrer, tu dois imaginer, tu n’entends pas les voix des personnages, tu ne sais pas s’ils sont beaux ou pas. À vrai dire, je n’en ai jamais lu mais je sais que c’est une galère. »

« Le haschisch, c’est une maladie toute douce. Elle te rentre doucement dans la peau, elle est cool, souriante. Tu te sens bien avec elle. Tu as envie de te mettre dans ses bras pour qu’elle te berce comme ta mère le faisait. Et tes copains qui fument, eux aussi ils sont cool et gentils. Et vous êtes tous dans les bras de la même mère. Vous êtes tous frères et vous vous aimez. Et puis un jour, tu ne sais pas pourquoi, comme une chatte, la mère prend un de ses petits et elle le mange. »

On est vite sous le charme de la pétillante jeune femme et le récit de ses aventures est captivant. C’est un voyage dans un Maroc pittoresque, coloré, à l’image du parler de Jmiaa, et jamais déprimant : pas de lamentation stérile, mais une capacité de réplique immédiate à l’adversité. On rit beaucoup, on s’attache aux personnages et on en veut encore.

Paru chez Gallimard, 252 pages

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celine

Passionnée de littérature depuis toujours, j'ai la particularité de lire de tout et tout le temps.

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