Encore aujourd’hui, il m’est difficile d’expliquer comment notre relation s’est développée si rapidement, et de quelle manière L. a pu, en l’espace de quelques mois, occuper une telle place dans ma vie.
L. exerçait sur moi une véritable fascination.
L. m’étonnait, m’amusait, m’intriguait. M’intimidait.
L. exerçait sur moi une douce emprise, intime et troublante, dont j’ignorais la cause et la portée.
Après l’immense succès de son dernier roman consacré à sa mère, succès auquel elle ne s’ attendait pas, Delphine, en plein désarroi et quelque peu perdue, est confrontée à la page blanche. Qu’écrire après cela ? L’imagination s’est envolée, l’envie avec. Pour rassurer ses proches, elle feint un projet de livre et leur cache les lettres de menaces qu’elle reçoit pour avoir écrit sur ses proches, notamment sur sa mère : on l’accuse d’avoir sali son nom et semé la haine. C’est dans cette période un peu confuse, alors qu’elle est malléable et fragile, qu’elle fait la rencontre de L. lors d’une soirée chez une amie. De suite, L. s’est approchée d’elle, lui a parlé, l’a mise à l’aise et a semblé déjà la connaître. De suite, Delphine l’a admirée et l’a laissée entrer dans sa vie…
Très vite, une complicité et une confiance s’installent entre les deux femmes. L. s’avère être un soutien indispensable à Delphine pour affronter cette épreuve. L’amitié qui les lie va jusqu’à les voir partager leur quotidien. L’emprise de L. sur l’écrivain se fait de plus en plus forte et pernicieuse. Et si derrière cette apparente prévenance se cachaient des intentions beaucoup moins louables ?
« Si tu ne saisis pas le petit grain de folie chez quelqu’un, tu ne peux pas l’aimer. Si tu ne saisis pas son point de démence, tu passes à côté. Le point de démence de quelqu’un, c’est la source de son charme.
[…] Peut-être est-ce d’ailleurs cela, une rencontre, qu’elle soit amoureuse ou amicale, deux démences qui se reconnaissent et se captivent. »
Déjà séduite lors de ma lecture de « Rien ne s’oppose à la nuit », j’ai cette fois encore été conquise en découvrant le nouveau roman de Delphine de Vigan. L’auteur démontre une fois de plus son talent de romancière mêlant avec la plus grande habileté le réel à la fiction et nous entraînant où elle le souhaite, sans rien dévoiler de la toile qui se tisse progressivement autour du lecteur… En dire plus sur l’intrigue gâcherait le plaisir de la découverte mais attendez-vous à être angoissés, surpris et peut-être même dupés par cette histoire de manipulation, aux airs de thriller psychologique, qui offre de nombreux niveaux de lecture…
Paru chez Le livre de Poche, 380 pages, 7,90 euros