La réalisatrice Amandine Gay est venue présenter son film au cinéma les Carmes jeudi dernier en compagnie de son producteur, Enrico Bartolucci. L’équipe Piao a pu y assister.
Synopis : Ils s’appellent, Anne-Charlotte, Joohee, Céline, Niyongira, Mathieu. Iels ont entre 25 et 52 ans, sont originaires du Brésil, du Sri Lanka, du Rwanda, de Corée du Sud ou d’Australie. Ces cinq personnes partagent une identité : celle de personnes adoptées. Séparé.e.s dès l’enfance de leurs familles et pays d’origine, ils ont grandi dans des familles françaises. Leurs récits de vie et leurs images d’archives nous entraînent dans une histoire intime et politique de l’adoption internationale.
Après ouvrir la voix en 2017, qui attaquait de front les clichés subis par 24 femmes noires qui témoignaient de la construction de leurs identités entre discriminations et racisme, Amandine Gay s’est emparé d’un sujet tout aussi fort, celui de l’adoption internationale avec une histoire à soi, ce mercredi en salles. D’un film à l’autre, la cinéaste réalise des films en lien avec sa propre histoire, en l’ouvrant à tous avec un talent particulier : celui de construire des œuvres osant grandir avec leur sujet.
C’est par une voix off qu’on entre dans une histoire à soi, sans visage ni vidéo. Le dispositif est osé, hypnotisant et c’est la première pierre d’un récit qui va devenir choral : celui d’enfants adoptés. Au travers de leurs sensibilités et de leurs archives, une boîte à souvenirs s’entrouvre. 5 portraits nourrissent le film, des hommes et des femmes de générations différentes, choisis après plusieurs mois de démarches et de recherches. « On a rencontré 93 personnes, le projet était au départ francophone, entre France Québec, Belgique et Suisse et assez rapidement on s’est rendu compte que le volume d’archives qui était nécessaire pour chaque participant(e) était tellement important que cela posait un problème logistique, on s’est donc recentré sur la France » témoigne Amandine Gay, en mettant au centre ces photos, ces vidéos super 8 pour donner la matière nécessaire à son film. « L’idée c’est de mettre les gens à l’aise dès les premiers entretiens, on leur pitche le film, on leur explique tous les enjeux, on les laisse nous poser des questions » C’est là où un tournage de documentaire commence à se construire avec finesse, brisant le pesant cliché l’assimilant à une caméra qu’on se contente de poser pendant des séances de questions-réponses « On évite de les faire trop parler à ce moment-là, pour ne pas avoir à leur refaire dire des choses intéressantes plus tard, car ce ne sont pas des comédiens »
Le film parlera à tous, par le choix de personnes de différents âges, des femmes, des hommes et des origines différentes : « L’idée est de faire une narration collective, même si on basés sur des récits individuels, avec des personnes dont on pouvait réduire le récit de vie autour de 15-20 minutes, sans le dénaturer » En jouant des échanges entre les images d’archives retraçant l’histoire de l’adoption depuis la seconde guerre mondiale, le voyage entre l’intime et le grand large pique la curiosité avec émotion, chaque portrait trouvant un écho chez les autres. Une histoire à soi transmet la difficile construction d’une identité entre plusieurs cultures et cet angle enveloppera des personnes qui n’ont ainsi pas besoin d’être touchés directement par ce sujet pour l’être par une œuvre qui est avant tout un grand film. Loin des facilités, les élégants parti pris esthétiques laissent une place importante au spectateur. Le temps d’éveiller les consciences vers une nouvelle façon de penser l’adoption internationale, peut-être.
« Cela reste du cinéma, il faut garder des ambitions raisonnées, mais ce que j’aimerais ce que cela change, c’est déjà pour les personnes adoptées rompre le sentiment d’isolement, de se rendre compte que cette expérience traverse le parcours de plein de personnes adoptées. Que cela permettre aussi des conversations dans les familles, cela peut-être utile de se dire : allons voir ce film, pour que ce soit plus facile pour vous d’aborder ce sujet dans son entourage. Le film s’inscrit dans un mouvement plus global, parce qu’une masse critique de personnes adoptées ont atteint l’âge adulte, pour la génération qui a coïncidé avec l’émergence d’internet, qui a facilité les échanges. Il y a un mouvement général dont participe le film, j’espère que cela permettra de mettre en place des choses demandées par les associations de personnes adoptées »
Bande annonce :
- La page du film, sur le site de son distributeur que vous retrouvez ici
- Lien de réservation sur le site du cinéma les carmes