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« La femme du tigre » de Téa Obreht, un récit de contes.


Dans un pays des Balkans qui se remet d’un siècle de guerres, Natalia est chargée de vacciner les pensionnaires d’un orphelinat. Autour d’elle, tout n’est que superstitions. Les épidémies seraient des malédictions, les morts, des forces vives. Natalia rattache ces croyances absurdes aux contes que lui a transmis son grand-père. Mais l’histoire la plus extraordinaire, celle de la femme du tigre, il l’a emportée dans la tombe. En confrontant présent, souvenirs et légendes, Natalia comprendra les errements des générations passées, et les travers de la sienne.

Dans l’histoire de son pays de naissance, déchiré par un siècle de guerre, Téa Obreht trouve un terreau fertile pour narrer des contes sur l’irrationnel et les superstitions.

Les contes confèrent une certaine beauté morale à la laideur du quotidien d’après-guerre où la mort est encore très présente. Ici la fable ne se borne pas à la transmission d’histoires de génération en génération. Elle prend une dimension merveilleuse permettant d’appréhender une vie hostile, faite de conflits , d’épidémies, de deuils et de haines.

« Nous sommes en guerre. L’histoire de cette guerre – les dates, les noms, qui l’a commencée, pourquoi -, elle appartient à tout le monde. Pas seulement à ceux qu’elle concerne mais aux journalistes, aux hommes politiques à des milliers de kilomètres d’ici, à des gens qui n’ont jamais mis les pieds dans ce pays ni entendu parler de lui. Alors qu’un moment comme celui-là, c’est personnel. Ca n’appartient qu’à toi. A moi. A nous seuls. »

Le ton est original, sans clichés. L’alternance entre le quotidien de Natalia auprès des enfants malades, ses souvenirs d’enfances et les histoires entendues habilement menées.

Téa Obreht possède l’audace lui permettant d’emprunter des chemins détournés, celui des légendes et des superstitions, afin de raconter les blessures béantes laissées par les guerre ethniques des Balkans. En résulte une lecture dépaysante et savoureuse.


Paru chez Ldp, 432 pages, 8,20 euros

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celine

Passionnée de littérature depuis toujours, j'ai la particularité de lire de tout et tout le temps.

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