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« Les Furtifs » ou écouter un roman à la scène nationale

La semaine dernière nous sommes allés nous installer, en privilégiés, salle Barrault pour découvrir « Les furtifs », partition science fictionnelle pour voix parlées et ensemble instrumental.
Laëtitia Pitz (mise en scène) et Xavier Charles (composition) se sont emparés du roman dystopique d’Alain Damasio pour créer un oratorio pour neuf musiciens et trois récitants. Une heure quarante de plongée dans l’histoire futuriste mais pourtant si actuelle de l’auteur, revisitée par la compagnie Roland Furieux.

Entendre une histoire, se la faire conter, quel bel exercice ! Et si c’est en musique, c’est encore mieux. C’est à une expérience riche en curiosités auquel nous étions invités la semaine dernière. Nous ne savions pas si la beauté du récit et de la mise en scène opèrerait sur nous et si ces presque 2h seraient avalées avec passion et attention… L’absence d’images ( et d’imagination ? ) pouvait être un frein pour entrer dans l’histoire. Le texte d’Alain Damasio nous était inconnu, ce fut donc une complète découverte, tant par la forme de ce spectacle que par la narration. On lève de suite le suspens : on a aimé !
Le texte est puissant et fait écho à notre société actuelle. Les protagonistes vivent dans un monde futuriste où les villes n’appartiennent plus au peuple mais aux entreprises. L’intelligence artificielle, les technologies sont partout et le tout raisonne que trop bien avec nos vies hyperconnectées. Certes, dans cette histoire, c’est un scénario qui est poussé à l’extrême mais on ne peut s’empêcher de réfléchir et de projeter ces propos sur les enjeux actuels que nous rencontrons, pour le monde de demain.
Une conversation entre l’un des personnages principaux et son chauffeur de taxi nous a particulièrement marquée. Le chauffeur lui demande avec quel type de cyber interlocuteur il aimerait converser pour accompagner son trajet. Il choisit alors le champ lexical, le type de personnalité, le type de conversation, l’humour de sa future « rencontre » et va même jusqu’à choisir sa sensibilité politique. S’en suit alors une conversation entre lui et ce robot, orchestrée et choisie à l’avance. Comment ne pas penser à nos réseaux sociaux, où les algorithmes nous maintiennent dans de la diffusion « d’infos » auquel nous sommes adhérents, qui nous entretiennent dans nos croyances et dans notre vérité. Exit le débat, exit le libre arbitre, bonjour les complots et l’étroitesse d’esprit.
La scénographie était simple, avec de belles lumières. On s’est quelque fois perdus sur le fil de l’histoire et sur les personnages qui parlaient, mais la globalité a été saisie. Les instruments sont là pour nous immerger dans l’environnement des différentes scènes. Cordes, vents, sont utilisées pour créer suspens, panique ou émotion. Et ça marche plutôt bien 🙂
Nous sommes ressortis avec l’envie forte découvrir le texte original.

Julien, invité en tant que professionnel à voir le spectacle, a été déçu lui, par l’interprétation « je connais bien le texte original, et je trouve que ça manquait de voix pour l’interprétation. Faire parler plus de 6 personnes avec seulement 3 possibilités ça a manqué de quelque chose pour moi. Quand les acteurs essayaient de transformer leurs voix pour en faire une autre je trouvais ça un peu grotesque.« . L’idée de travailler cette oeuvre littéraire forte fait quant à elle l’unanimité « le sujet est hyper interessant surtout quand on sait que deux ans après l’écriture du livre la ville de Vendôme vient de vendre son nom à Louis Vuitton ! »

"Les Furtifs" ou écouter un roman à la scène nationale 7
"Les Furtifs" ou écouter un roman à la scène nationale 8
@aurelievainphotographie


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Aurélie

Expatriée Orléanaise engagée dans la promotion du dynamisme culturel , sportif and co de cette chère ville ... Car quelques fois il suffit d'ouvrir un peu ses oreilles et ses yeux pour faire des infidélités agréables à son canapé :) - Accessoirement kiné débordée et débordante , addict -

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