Portrait de cette photographe orléanaise talentueuse, aux projets engagés !
Ma 1 ère rencontre avec Géraldine a été fortuite, amenée par un triste événement mais celui-ci me l’a révélée : Il y a un an et demi, cette belle jeune femme aux yeux espiègles passe un appel sur les réseaux sociaux, car on vient de lui voler son appareil photo avec tous les trésors qu’il contient. Voilà, elle est rentrée dans ma vie comme ça, par un « partage d’appel à témoin » et c’est amusant car c’est ce qui semble la définir, Géraldine : c’est le Partage .
Je suis allée voir son travail et ça a été une claque pour moi, chacune de ses photos raconte quelque chose, son œil est unique . Depuis je suis son travail, ses projets forts et magnifiques et j’avais envie de vous les présenter.
J’ai contacté la photographe et quelques jours après elle me recevait chez elle toute sourire, gaie et passionnante. 2ème rencontre. Et deuxième claque ! Humaniste et authentique elle s’ouvre à vous avec élégance et don de soi, et en quelques minutes vous êtes submergée de cette chaleur, Géraldine aime les gens, aime être avec eux, aime ses échanges. On le voit dans son travail et on le ressent en étant avec elle.
Géraldine est née en Roumanie, sa mère est française et son père roumain. Cette origine est le fruit d’un amour qui défie les barrières des km, politiques. Sa maman française en visite là-bas est tombée folle amoureuse de son guide et le demande en mariage après des années de correspondances. Elle va le rejoindre, se sépare d’un confort de vie pour une vie rude, pour Aimer.
Cette mixité, son histoire, l’histoire de sa mère est d’ailleurs un des portraits de son dernier projet « Don’t fuck with me », on y reviendra !
Géraldine a connu la dictature communiste de Nicolae Ceausescu, la désinformation, la censure. A la chute du système elle a 13 ans, elle découvre les expositions, l’art, se nourrit ardemment de peintures, de photos. Un jour elle va à une expo photo reportage World Press sur son Pays et c’est la révélation « j’ai vu mon pays, tel que je l’avais connu, vécu … je me suis retrouvée dans ces clichés et j’ai découvert que la photo pouvait raconter des vraies histoires, la réalité … j’ai su alors que je voulais être photographe » .
La photographie humaniste, c’est ce qui définit son travail. Derrière chaque photo il y a un message, une histoire. Ses projets sont engagés, ils peuvent même quelques fois déranger et être difficiles à financer, comme par exemple le tout dernier « Stop Kidding » , travail autour des migrants mineurs isolés . Géraldine ne fait que ce qu’elle aime, ce qui l’anime, la « photo alimentaire » n’est plus nécessaire, le travail a payé. Elle a le don de voir le beau dans le quotidien, ces tous les jours, ces routines de vie banales … c’ est d’ailleurs un de ces beau projet « 24h » . Rentrer dans l’intimité d’un individu pendant 24h, ne pas le quitter et en faire ressortir une réalité puissante et belle. Sublimer les habitudes, ces petits gestes quotidiens qu’on laisse au placard, qu’on ne trouve pas assez clinquants. Le résultat c’est une série de photos intimes, jamais voyeuses toujours justes. Ça explose d’intensité et d’authenticité, ça prend les tripes.
Les projets
DON’T FUCK WITH ME
Laurence, Aurélie, Jenna, Marie Amélie, Andréa … ce sont des héroïnes du quotidien que met en valeur ce projet tourné autour de la puissance des femmes et des petites filles. Géraldine capture la force de ces femmes, nous montre à travers leurs gestes, leur regard, la puissance de ces combattantes et Patricia Louisor- Brosset raconte leur histoire par le texte qui accompagne les clichés. L’anorexie, l’excision, la maladie … ou encore la passion, l’amour, l’éducation … autant de combats menés par ces femmes qui portent la voix de tant d’autres, qui montrent le chemin, vers la liberté, l’égalité, l’acceptation, l’amour de soi. Inspirantes ! Le but est de parler aux plus grands nombres, aux femmes mais pas que ! Sensibiliser les ados, leur réapproprier leur corps, les faire réfléchir. L’aventure commence il ya un an et demi avec les ados du collège Jeanne d’Arc, il y a des lectures, ils voient les photos, il y a beaucoup d’échanges. « On a demandé aux élèves si certains avaient été victimes d’agressions sexuelles, aucune main ne s’est levée. On a alors précisé que les atteintes verbales dans la rue, les mains aux fesses en faisaient partis et, après la surprise d’apprendre que cela représentait une agression, ils ont levé les mains ».
Après une 1ere expo à Paris, le projet prend la direction de l’itinérance, s’exporte … NYC à la galerie « Maison 10 » le 21 juin ! Au fil de ses rencontres, de ses autres projets ou collaboration ( fight for dignity par ex ), le projet s’etoffe de nouveaux portraits les « don’t fuck ladies », et s’offre de nouveaux lieux d’accueil . La « Big Apple » devrait abriter une nouvelle expo d’ici quelques mois … 🙂
« On ne gagne pas d’argent avec ce projet, mais c’est un projet du cœur ! Aujourd’hui on se rend compte que rien n’est acquis, des Droits tellement évidents disparaissent … ».
https://www.dfwm.life/
https://www.instagram.com/dfwmparis/
STOP KIDDING
Il s’agit ici d’un projet difficile, pour lequel il est compliqué de trouver une écoute, des aides pour le financement. Un sujet tabou.
Il est question des enfants migrants qui se retrouvent à la rue en France, ignorés par l’état qui refuse de reconnaître le fait qu’ils soient mineurs (Un mineur isolé étranger est dispensé de titre de séjour et est donc en situation régulière jusqu’à sa majorité). Une situation que Géraldine dénonce.
Face à cette situation, des gens ouvrent leur porte pour les accueillir une nuit, deux nuits ou plus … STOP KIDDING ce sont des photos d’enfants et hébergeurs, les photos d’une main tendue. Montrer que cela est possible, que ce n’est pas si difficile d’ouvrir sa porte. Elle parcourt la France pour photographier ses familles. Les visages des enfants sont cachés : les « non reconnus ». La peur est là, certaines familles reculent même au moment de la publication.
En écoutant ces histoires d’enfants cachés on retrouve une impression de 2e guerre mondiale … C’est Géraldine qui me le dit, et elle en connaît quelque chose puisque pendant quelques années elle a réalisé des portraits d’enfants cachés pendant la 2e guerre avec le CERCIL. Ces grands enfants de 85 ans, miroirs sur l’actualité.
Une Expo a lieu à Arles du 1er au 7 juillet dans une maison, comme
ceux qui ouvrent la leur. La suite c’est du 15 au 21 juillet à L’ Ambassade de
l’Etat créatif à Arles .
Personne ne sait s’il y en aura d’autres, après toutes les rencontres pour
trouver du soutien financier, toutes les portes sont fermées. Face à l’indifférence,
ceci est un appel !
LES 24 H
Comment est né le projet ? En novembre 2014, Géraldine fait le constat qu’elle ne passe pas assez de temps avec les gens qu’elle photographie « il y a des gens que tu n’as pas envie de quitter tout de suite, tu te sens bien avec eux ». Frustrée, elle a alors l’idée de photographier les gens pendant 24h, dans leur quotidien, sans mise en scène. Elle ne veut pas de journées extraordinaires, non, juste du vrai. « Je les suis comme leur ombre », étonnée de voir que les gens acceptent, c’est toujours un joli moment. Elle leur donne ensuite le livre de leurs 24h, qu’ils gardent, le temps immortalisé.
« J’ai commencé avec un pêcheur qui avait une cabane illégale au milieu de l’eau . Je l’ai rencontré quelques mois avant pour un autre projet autour de la révolution de 1989 en Roumanie. Sur ce projet, on photographiait et on partait, frustrant ! A ce pêcheur-là, j’ai dit je reviens ». C’est le début des 24h. Un projet « juste » photo, des photos qui parlent d’elles même. Le 108 rue du Bourgogne accueille ensuite une petite expo de 4-5 portraits, ça plait. Depuis, d’autres suivent, on peut les voir sur son site.
Moi, ces photos elles me bouleversent à chaque fois. « On rentre dans l’intimité mais on n’est pas voyeurs ».
http://www.24h.geraldinearesteanu.com/
EXPO UNITE MEDICO JUDICIAIRE ORLEANS
L’an dernier, l’UMJ d’Orléans (Unité médico judiciaire mineure) demande à Géraldine de faire un reportage photo . C’est la seule unité de France qui permet aux enfants ayant subi des violences maltraitances de déposer plainte auprès d’un gendarme à l’hôpital même. Ces photos sont exposées dans le hall au RDC. Un travail qui compte beaucoup pour elle. L’hôpital depuis un an elle y travaille beaucoup, elle participe également au projet RIRE MEDECIN. « Cela n’a pas été facile de voir ses enfants, la maladie, les difficultés rencontrées au quotidien et parfois même la solitude. J’ai reçu des messages de parents ensuite, heureux de ses moments de joie capturés… ça m’a beaucoup touchée »
http://www.geraldinearesteanu.com/reportages
FIGHT FOR DIGNITY
Sa rencontre avec Laurence Fisher est à l’origine de sa collaboration avec l’association. Karatéka 3 fois championne du Monde, Laurence (qui est une des femmes du projet DFWM) fait un voyage au Congo en 2014 et décide de monter un projet : apprendre le karaté a ces survivantes victimes de sévices afin qu’elles se réapproprient leur corps et le reconstruisent. Elle forme un prof de karaté sur place et le projet voit le jour, en même temps que sur Paris à la Maison des femmes. Géraldine devient la photographe de l’asso.
https://www.fightfordignity.net/
C’est évidemment une Liste non exhaustive de ces projets perso, de son travail. Elle est très présente dans la Culture (c’est la photographe de Yann Bourgeois qu’on retrouve à la scène Nationale à chaque nouvelle création ! c’est sublime), la mode. Ça me tenait à cœur de vous la présenter, pour ceux qui ne connaissent pas son travail. Engagée et talentueuse, cette orléanaise est un véritable écrin de sensibilité et d’humanisme !
LA DECOUVRIR :
http://www.geraldinearesteanu.com/
https://www.instagram.com/geraldine_aresteanu/?hl=fr
https://www.facebook.com/G%C3%A9raldine-Aresteanu-photographe-1500798970178313/
Bravo et merci Aurelie pour cette touchante et très juste biographie. Géraldine est une jeune femme battante, talentueuse, engagée et formidable.
Bravo pour ce beau portrait qui met en lumière ce merveilleux être humain que la vie m’a fait rencontrer avec une évidence et une fluidité qui me la rend à ce jour si précieuse … ♥️
Je n’ ai croisé Géraldine que lors d un après midi finisterien, et je dois avouer que pendant ce trop court instant, j y ai vu, entendu et observe tout ce qui est décrit dans cet article….
En espérant que nos chemins se recroisent un jour, avec ou sans café….