Dans son nouveau roman, François Garde retrace la vie d’un grand oncle, longtemps oublié dans l’histoire de la famille et qui a fini exilé en Australie au début du XXe siècle. Du romanesque généalogique.
Dans la famille Garde, comme dans de nombreuses familles, il y a une personne dont on ne parle peu ou pas. L’auteur s’intéresse ici à l’oncle Marcel, exilé à vingt ans en Australie en 1900. Désireux de rendre justice à cet inconnu, François Garde mêle les outils du roman et les recherches généalogiques. Il retrace son parcours grâce aux recherches, aux souvenirs et face aux silences de l’histoire, il use alors du roman pour écrire la vie de Marcel.
Elle toussote, rajuste ses cheveux filasse puis avec un déhanché suggestif s’accroche à lui. Malgré sa naïveté et son inexpérience, il comprend bien qu’il s’agit là d’un geste commercial, non d’une véritable caresse. Mais, depuis qu’il est arrivé en Australie, jamais son corps n’a ainsi été touché par un autre corps. La main posée sur son bras, quel qu’en soit le motif, vaut adoubement. Cette prostituée le voit comme un possible client, il a donc enfin cessé d’être invisible parmi la foule. À sa façon, elle le considère. Il en frissonne.
Déjà dans son premier roman, absolument éblouissant d’énergie et de lyrisme, Ce qu’il advint du sauvage blanc (couronné par le prix Goncourt du premier roman), François Garde parvenait à capter l’humain au cœur de l’aventure. Son histoire se situait déjà en Australie. L’exploration d’un territoire encore sauvage est captivante sous sa plume. Dans son nouveau livre, s’ajoute une dimension intime et familiale. Le personnage aussi obscur qu’intriguant qui occupe la première place dans la mémoire et dans le récit est l’oncle Marcel. Tout le monde a voulu l’oublier. Pourtant, tel un fantôme, il est revenu et de nombreuses questions, teintées de curiosité, se posent alors.
François Garde, à travers le roman, les recherches généalogiques et les discussions avec ses proches, parvient à tisser le portrait de ce grand oncle mais également des conséquences de son exclusion. L’auteur nous parle de traumatisme mais également des légendes qui se tissent pour combler l’absence. Le livre, sous la forme d’une enquête, offre un récit romanesque plein de surprises et d’émotions.
François Garde, Mon oncle d’Australie, Grasset, 20€