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Et toujours les forêts, un roman haletant et mystérieux

Sandrine Collette, dans ce roman initiatique à l’horizon apocalyptique, nous embarque dans une aventure intime forte et captivante.

Corentin naît dans une famille où personne ne veut de lui, surtout pas sa mère Marie. Son enfance est une errance jusqu’à sa rencontre avec Augustine. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l’aïeule, une vie recommence. A 18 ans, Corentin part vers la grande ville et oublie un peu Augustine et les Forêts. Quand arrive la nuit où tout implose. Là Corentin veut retrouver Augustine dans ce monde désert.

Marie ne revenait pas. Corentin, lorsqu’une voiture s’égarait jusqu’au bout de leur sentier, se surprenait à prier que ce ne fût pas elle. Elle était comme une ombre qui s’éloignait peu à peu, mais qu’un coup de vent contraire peut ramener à chaque instant.
Augustine le protégeait, pensait-il.
Elle ne demandait pas d’argent pour qu’il reste là. C’était une sorte d’émerveillement pour lui. Il n’y avait qu’elle.
Elle ne le grondait pas.
Il n’était pas grondable. Il intégrait ses manies, ses exigences, il se modelait sur elle. Pour aller au jardin, pour ramasser des branches mortes qui allumeraient le feu, il marches dans ses traces. Il imitait ses gestes. Jusqu’au ton de sa voix, qu’il s’essayait à érailler. Il ne s’opposa qu’une fois à elle, lorsqu’il trouva un petit chat sur le chemin et qu’il le ramena à la maison. Elle n’en voulait pas. Corentin le fit dormir dans son lit, et ils n’en parlèrent plus.
Sur les choses importantes – c’est elle qui disait cela, les choses importantes – elle ne lui cédait rien. Ni au jardin, ni au village, ni surtout à l’école.
Toujours, droit et toujours premier. Il n’y a pas d’autre voie.
C’est ainsi qu’il se mit à grandir.

Sur la plage, je me suis embarqué dans le forêts avec (et surtout grâce à) Sandrine Collette. Ma première lecture de l’été brille par le ton direct et net de l’autrice. J’ai plongé dans l’histoire de Corentin, de son enfance jusqu’à sa quête d’Augustine. On passe d’un parcours initiatique à un monde apocalyptique avec finesse.

L’autrice nous confronte au parcours difficile de ce garçon, à son adolescence plus heureuse et à sa découverte d’un monde détruit. Par les mots et une grande part de mystère, on comprend beaucoup. L’imagination du lecteur comble les silences de l’histoire et se lie une relation avec le lecteur. Je me suis senti tout de suite dans l’histoire.

Dans ce roman, elle brasse de nombreux sujets : la maternité, la légitimité d’être, la question de faire société, d’accepter l’autre… Cela repose toujours sur l’histoire et le fil que l’autrice déroule avec minutie. Un livre d’aventures nourri par des questionnements actuels et les émotions des personnages.


Sandrine Collette, Et toujours les forêts, Le Livre de poche, 7,90€

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Julien Leclerc

Insatiable curieux avec un blog littéraire Le Tourneur de pages (c'est le premier lien ci-dessous)

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