Ils ont marché sur le lac
Traverser le lac Khüvsgül, par -25°, c’est ce qu’ont fait deux habitants de Bou, en réalisant là une première. Retour avec Aliénor et Renaud sur une aventure avant tout humaine.
Le lac Khüvsgül. A entendre le nom, des milliers de choses viennent en tête. On s’imagine le lieu quelque part en Scandinavie ou plus au Nord encore. Il sonne comme une invitation au voyage. Il résonne déjà des silences assourdissants.
Mais l’imagination a bon dos et c’est en Mongolie qu’Aliénor Scrizzi, bretonne de naissance et Loirétaine d’adoption, passionnée de voyage et de nature et Renaud Fulconis, sportif pour qui la marche, le vélo ou la nage ont rythmé une vie d’aventure, nous amènent le temps d’une traversée de 25 jours.
Quand on leur demande pourquoi ils se sont dits qu’ils allaient partir comme ça, loin de leur petit village de Bou, c’est avec la même spontanéité que les deux répondent. « Initialement Alienor parlait souvent de faire une expédition ensemble. Moi j’avais déjà descendu la Loire ou le Maroni à la nage, j’avais parcouru les déserts australiens à pied ou à vélo », glisse Renaud, la passion chevillée à la voix. Lui qui a fait du triathlon, bouclé, quand il avait 23 ans, le mythique Ironman d’Hawaï, a toujours ce triptyque marche/course, vélo et nage dans la tête. « Au début du confinement, on s’est posé et on a orienté notre future marche sur le lac Baïkal en Sibérie. Mais avec la guerre qui a éclaté on a changé nos plans », continue-t-il.
Ils ont choisi le froid, la rigueur et l’isolement. Pas le plus facile. « On a eu du temps pour se préparer. On a décidé d’essayer de tout prévoir, d’anticiper », raconte Aliénor. « On a dû travailler sur notre alimentation, le choix du matériel, notre préparation mentale, les gestes de secours quand il fait -25° », détaille celle qui a encore des étoiles et de l’enthousiasme dans la voix quand elle nous parle de l’expédition. Elle qui a traversé des émotions bien différentes du début à la fin de la marche. « Au début, comme on n’a jamais marché sur un lac, on a plein de représentations, des peurs et même si on est entraîné. Et puis une fois qu’on est sur le lac, on voit que c’est épais et la peur part vite ». Des premiers pas sur le lac gelé surviennent les premières surprises : « Je ne pouvais l’imaginer mais le lac fait un bruit hallucinant. Parfois on a l’impression qu’un métro passe sous nous. Mais une fois habitué, on est émerveillé par le bruit », précise Aliénor.
« C’est vrai qu’une fois sur le lac, tous ces bruits sont à la fois sources de questionnement et fascinants. Il faut s’habituer à ça mais aussi à la tente quand il fait -20° et aussi à être de plus en plus crade », continue Renaud. Car le couple a pris le minimum pour ne pas à avoir à traîner de gros poids mais aussi le maximum pour ne manquer de rien en cas de difficultés.
« On avait en gros, quatre-vingt kilos au départ », note Aliénor, « et au fur et à mesure de l’avancée le poids diminue car one se nourrit, on utilise le carburant pour les choses qui en ont besoin ». Avancer. Parcourir le lac, être émerveillé de ces bruits et aussi, et paradoxalement, alors que qu’Aliénor et Renaud forment un couple, se sentir seul sur la glace. « C’est vrai que l’on a quelques moments à deux mais qu’on se retrouve souvent seul finalement. Le matin, chacun vaque à sa tâche. On se réveille avec le lever du soleil, on partage des petits moments comme le soir quand le soleil cette fois se couche », glisse Renaud. « Pour que tout soit parfait et qu’on arrive au bout du rêve, nos journées étaient très organisées. Le matin, Aliénor refaisait de l’eau pour la journée. Moi je cassais la glace qui était sur le double toit de la tente. Après ça, quand on repartait, on remettait cagoule et masque et on se retrouvait seul face à soi-même », poursuit-il.
Au final, après vingt-cinq jours c’est l’émerveillement qui prime. « Ce que je tire de cette expérience, ce n’est pas un quelconque exploit sportif, ce n’était pas mon but. Non, moi ce que je veux retenir c’est que j’ai réappris à vivre en tant qu’être humain, en harmonie avec la nature. Parfois j’avais l’impression d’être un habitant du lac », dévoile Alinéor encore émerveillée. Renaud lui retient « qu’à partir du moment où l’on dépasse sa zone de confort, on dépasse sa zone de peur, c’est l’émerveillement qui prime, la couleur du lac, la glace, les formes, le bruit ». Alors à quand une nouvelle aventure. « On en parle » conclue Renaud. « On a très envie de recommencer dans ce même esprit en lien avec la découverte, l’apprentissage et l’émerveillement ».
Alors on ne les quittera pas, et on vous fera vivre leur nouvelle aventure quand ils seront prêts. En attendant allez les suivre sur les réseaux sociaux (liens ci dessous). Vous y découvrirez deux personnages tellement attachants…
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