Après Camille redouble, Noémie Lvovsky retrouve le mystère de la magie et des sentiments dans un film porté par une belle troupe de comédiennes et comédiens.
Au bord de la mer, dans les années 20, un très bel hôtel s’anime avec l’arrivée d’un magicien. Marta qui subit la jalousie et l’acharnement de son mari, Charles, y voit un moment de joie de perspective. Invitée à monter sur scène, elle rentre dans une boîte magique dont elle ne sortira pas. Le numéro lui permet de disparaître. Le mari se retrouve seul face aux tours de passe passe du grand magicien.
Avec son décor dépaysant et le ton des premiers dialogues, Noémie Lvovsky nous déplace des codes de notre présent. Le sujet de ce film adapte d’une pièce de théâtre est lui, intemporel : l’amour, sujet cinématographique au possible. Par sa galerie de personnages et avec le mouvement qu’elle crée, la réalisatrice dessine les formes diverses et perverses de l’amour. La passion, la folie, l’innocence, la violence, la sincérité. Tout y passe en revue au rythme des nombreuses chansons. Plus proche du cabaret que de Jacques Demy, les chansons apportent leur dose de magie dans le récit. Le titre l’indique. La magie est partout. La magie, c’est l’art, l’amour et le cinéma. La magie, c’est que tout cela est drôle et léger tout en conservant sa part de tragique.
Le film se perd un peu entre les différents tons mais on peut compter sur les comédiens et comédiennes. Rebecca Marder, par un simple regard, fait exister un amour fulgurant. Elle transperce de part en part. Denis Podalydès dévoile toute l’étendue de son jeu, du pitoyable au cruel, de la folie à la drôlerie. Sergi Lopez éblouit par son étrangeté, dans son physique, dans sa voix, dans sa jonglerie verbale (certains diront mensonge). Et il y a bien sûr Judith Chelma d’une sensualité, d’une tendresse, d’une vérité absolues. Dans ses mouvements de danse, avec sa voix en équilibre, elle imprègne la pellicule. On pourrait lister les nombreuses références au cinéma mais le film peut être vu sans avoir ces clés. Noémie Lvovsky parle d’amour, de celui qui fait mal et de celui qui est une joie.
Actuellement au cinéma les Carmes