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Edward Abbey, une grande histoire de clef à molette

Militant écologiste décédé en 1989, Edward Abbey a laissé au nature writing des plaidoyers magnifiques réservés aux grands espaces américains, ainsi qu’une odyssée douce amère en deux volumes, le dernier écrit juste avant sa mort, celui du gang de la clef à molette. Oui, il a été écrit et il y a beaucoup de sens à relire ses aventures dans une dernière prise de conscience mpndiale des enjeux environnementaux.

Dans ces romans, quatre activistes forment un groupe uni : Seldom Seen Smith ; Doc Sarvis ; Bonnie Abbzug, sa jeune compagne et George W. Hayduke, un vétéran du Vietnam, très instable. Ensemble, bien qu’ils aient parfois beaucoup de mal à s’entendre, ils se consacrent à l’éradication de tout ce qu’ils considèrent comme des systèmes qui polluent ou détruisent l’environnement dans leur territoire d’affection, le sud-ouest des Etats-Unis.

Quand on parcourt les pages du premier tome, on peut être assez rapidement saisi par la radicalité de cette troupe hétéroclite et assez folle, pour laquelle le récit construit une certaine tendresse. Rien ne tient ces quatre personnalités dans une forme de dialogue avec ce qu’ils souhaitent éradiquer et leur violence devient un sacrifice, un romantisme purement littéraire. Que dirait-on, de cette troupe dans les journaux? Peut-être pas grand chose de bien. Pourtant, dès les années 80, les associations n’existent pas encore, les moyens d’actions médiatiques ne sont pas encore foisons et d’ailleurs l’association Earth first! est née gràace à l’influence de ces romans devenus cultes aux Etats-Unis. On lit donc un vrai texte de combat, amer et tranché, mais avec un sourire toujours présent par l’absurde défi qu’il ose mettre en scène.

Parcourir les aventures du gang de la clef à molettes, c’est en accepter toutes les composantes. C’est un gang, potentiellement dangereux, qui utilise de la dynamite et explose des machines colossales, mais c’est aussi un groupe fonctionnant avec si peu de moyens qu’il en devient fascinant. A lire ces aventures il ne faut jamais oublier leur contexte, quand Shériff fait-moi peur et d’autres séries irrévérencieuses passaient en boucle sur nos télés, défiant l’autorité dans un esprit adolescent.

Deux oeuvres très connues qui ne doivent en tout cas pas faire oublier le débat qu’elles ont contribué à nourrir, celui d’une harmonie plus raisonnable que toutes les sociétés cherchent désormais dans le couple agité entre Terre et humains, jalonné d’histoires et de contes comme ceux-ci, qu’on passe en se divertissant au fil d’une très belle plume.

« Il descendit de la montagne sacrée pour s’enfoncer dans l’aube aux doigts de rose, dans le bassin du petit Colorado, dans le pastel d’églantine, chocolat sombre, terre de Sienne et chamois du Painted desert. Patrie des rondis pétrifiés. Patrie de l’indien glaucomique. Patrie des tapis tissés main, teints aux pigments végétaux, des boucles de ceinture concho en fer coulé dans le sable et cas sociaux cassés à satiété. Patrie de feus les dinosaures. Patrie des dinosaures modernes. Patrie des pylones haute tension sillonnant le désert en rangs serrés par enjambées d’une lieue comme des envahisseurs débarqués du néant interdidéral »

Le gang de la clef à molette, 12 euros

Le retour du gang, 12 euros ed Gallmeister

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