Mardi 29 novembre, à l’Université d’Orléans, avait lieu la restitution d’un atelier théâtre mené avec énergie par Louise Emö, autrice et metteuse en scène, et dix-sept étudiants·es autour de la tragédie de Racine, Phèdre.
Au sein du Bouillon, centre culturel de l’Université d’Orléans, est disposé un ensemble de chaises. Tous·tes les comédiens·nes apprentis·es restent sur le plateau pendant les quarante minutes de cette restitution. Ils·elles se lèvent, répondant à l’appel de leur personnage par « je prends » ou « je suis », jouent, dansent et chantent. À leurs côtés, Antoine, comédien ; Côme, musicien dont les notes de guitare et la voix accompagnent et guident ces interprètes d’un soir et Louise Emö qui garde un œil sur cette troupe temporaire, vigie attentionnée. Pendant ce mois de novembre, elle a mené cet atelier inscrit dans les actions culturelles du CDN Orléans / Centre-Val de Loire.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue,
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue.
Racine
Louise Emö a donc organisé ces quelques heures d’atelier autour de la tragédie de Racine. Les personnages, Phèdre, Hippolyte, Thésée ou encore Œnone prennent plusieurs visages. Tout en changeant de corps, de voix et de posture, les enjeux dramatiques de l’histoire perdurent. L’énergie exprimée soutient la puissance des sentiments ressentis et retranscrits pour l’éternité par Racine. À partir du texte, Louise Emö ouvre d’autres espaces, intimes et propres aux soubresauts émotionnels de cette jeunesse sous les projecteurs. Ainsi les premières minutes de cette soirée sont révélatrices. L’un·e après l’autre, les interprètes donnent leur nom, leur âge, leur rôle, leurs mots totem et tabou (reflets des doutes personnels et des questionnements de la société qui nourrissent les journaux actuellement) avant de conclure par une formule adaptée : merci de m’avoir écouté, merci de m’avoir entendu, merci de votre attention… Cette prise de parole directe et sincère, témoignant de l’écoute au sein du groupe, donne le ton de l’ensemble de la restitution. Le texte de Racine est porté par tout un groupe, mêlant les générations X et Y, de 18 à 41 ans. L’amour et les déchirements de Phèdre ont leur place aujourd’hui encore. On ressent l’engagement des corps. Le théâtre est ici un sport. Le théâtre est physique, comme l’amour. Les pieds sont ancrés au sol, facilitant la portée de la parole mais aussi dévoilant la présence, le charisme des acteurs·rices. On les voit, on les écoute, on les entend.
Le destin de Phèdre, les entremêlements douloureux et profonds de l’amour, la beauté des alexandrins raciniens se déploient dans toute la salle. Les comédiens·nes investissent le plateau, grimpent les escaliers et offrent leur énergie de vie au public. Tout résonne entre les murs, parlant autant d’hier, de ces mots intemporels, que d’aujourd’hui, puisant dans le flow de MNLK et dans l’engagement de Beyoncé (Run the world Girls). La trame et surtout les enjeux de Racine ne se perdent jamais. Au bout de ces quarante minutes, reflet de plusieurs heures de travail et de recherches, il reste les voix distinctes de ce groupe qui s’est formé, dans la joie et dans la bienveillance, sur un plateau de théâtre.
Tu es la seule qui m’aille, je te le dis sans faille
Reste cool bébé, sinon j’te dirai bye bye
Tu es le seul qui m’aille, je te le dis sans faille
Reste cool bébé, sinon j’te dirai bye bye
MNLK
Avec Najima Boudiouan, Pierre Ceccaldi, Justine Charpentier, Tanguy Chauvin, Déborah Clément, Joyce Deka, Antoine Laroye, Thomas Durand, Ana Rita Ferraz, Laurana Folquet, Ronald Gomez, Cyrielle Laidebeure, Steffy Poncelay, Manon Tomyn, Camille Chasseloup, Apolline Roussel, Ndeye Amy Sock
Musique Côme Le Quilleuc
Mise en scène Louise Emö
