
Un enfant puni et un chien affamé discutent alors qu’un poulet rôti attend dans la cuisine. Mais faut-il manger des animaux ? En voici une question ! Commence alors un dialogue fait de chansons et de fantaisie dans Quand les poules auront des dents de Jeanne Plante (à partir de 6 ans).
C’est par des cris que commence ce spectacle. Il y a d’abord le chien éjecté de la maison par la mère. Ensuite, c’est au tour de l’enfant d’être puni. Il refuse de manger le poulet familial. Il est végétarien et l’affirme haut et fort. Sa punition est de s’occuper du linge mais rapidement, Jérémie s’amuse et discute avec le chien qui, lui, aurait bien mangé le poulet. La nourriture, l’amour, les devoirs et bien d’autres sujets sont passés en revue au cours de ce spectacle. Jérémie, aux allures de Tintin, dialogue avec un animal en costume 3 pièces. Celui-ci, interprété par Jeanne Plante, est malicieux, un observateur à la langue bien pendue, arborant un ventre de plus en plus rond (son appétit n’a pas de limite). Face à lui, Jérémie Pontier campe un enfant qui veut s’amuser, être loin des devoirs et surtout aimer avant de tuer. Les deux personnages sont en désaccord et en parlent. Ils se taquinent, se cherchent et construisent une complicité qui les amènera même à former un groupe de rock. Leurs allures élégantes composent un duo particulièrement enlevé. Les gestes sont précis, les mouvements fluides et les voix multiples. Chacun joue avec tout son corps les situations qui s’enchaînent. La comédie est physique, verbale et musicale.

Sur le plateau où chaque vêtement cache des instruments, Jeanne Plante et Jérémie Pontier s’en donnent à cœur joie. Les chansons, les danses, chaque intention emportent l’adhésion d’une salle composée en ce mardi après-midi de deux classes de l’école Albert Camus de Chécy. Ces quelques trois quarts d’heure sont menés avec entrain et esprit, sans aucune morale encombrante. Les enfants applaudissent, s’amusent des pitreries des personnages. Les mots sont ici des pirouettes dissimulant des jeux et des allusions. En fil rouge, le recours aux expressions ouvre des perspectives vers la richesse des mots et l’imaginaire de la langue. Perdre la boule, avoir un chat dans la gorge,… Le langage est une boîte merveilleuse qui illumine l’échange entre Jérémie et le chien, chacun tenant de comprendre l’autre. L’enfant réalise le ridicule de certains ordres qu’il donne au chien. L’animal essaye d’y voir clair dans le comportement des êtres humains. Le réel est débattu ouvertement, avec une vraie gourmandise tout en laissant une place de choix à la fantaisie. Jeanne Plante, dans ses textes et ses chansons, s’amuse et parle de tout. Comme ce chien qui n’oublie pas qu’il a été loup, le spectacle mis en scène par Patrice Thibaud n’oublie pas d’être mordant. Et ce ton malicieux participe à la connivence proposée avec énergie aux spectateurs, des très jeunes (près de 350 enfants de la moyenne section au CM2 auront vu ce spectacle cette semaine) à ceux qui le sont moins.
Un spectacle à découvrir à la Scène nationale d’Orléans
Durée : 50 minutes
mercredi 26 mai 15h et samedi 29 mai 18h
Séances scolaires jeudi 27 et vendredi 28 mai
02 38 62 75 30 / billetterie@theatredorleans.fr
Mise en scène Patrice Thibaud
Autrice, composition, interprétation Jeanne Plante
Musiciens, comédiens, chanteurs Jeanne Plante, Jérémie Pontier
Costumes Isabelle Beaudouin
Visuels Rémi Saillard
Lumières Anne Muller
Son Benoit Destriau