La dispute parentale, par leurs yeux d’enfants.
« Mon papa, il dit qu’un couple c’est une équation à deux inconnues.
Moi je dis que c’est beaucoup d’inconnus. »
Solal, 8 ans
Parce qu’ils sont les mieux placés pour en parler – et pourtant souvent les moins entendus –, le metteur en scène Mohamed El Khatib invite les enfants de parents séparés à livrer leur point de vue. Ici, point de marivaudage, mais une parole sans filtre à propos des disputes conjugales, signe avant-coureur de la rupture amoureuse. Au beau milieu de la déchirure, comment vivent-ils la décision de leurs parents ? Quels mots mettent-ils sur cet événement crucial dans leur tout jeune parcours ? Quelles questions rêveraient-ils de poser à leurs parents ?
Cette nouvelle fiction sur le réel évolue sur un fil ténu entre audace et pudeur, émotion et espièglerie.
Création au Festival d’Automne à Paris
Génèse du projet
« J’ai été invité par le Théâtre de la Ville à Paris à écrire une pièce pour la jeunesse.
Alors que l’enjeu me paraît central – s’adresser à la jeunesse –, j’ai constaté que je n’avais pas la moindre aptitude à « écrire pour la jeunesse ». Et c’est sans doute mieux ainsi pour la jeunesse en question… Je me suis donc résolu à écrire, non pas « pour la jeunesse », mais à partir de la jeunesse ou avec elle.
J’ai dès lors passé des mois dans des écoles primaires, auprès d’enfants âgés de 8 ans. Je n’avais pas de « sujet » comme on dit, pas même un « thème », je suis simplement allé librement à la rencontre de ces enfants de différents milieux sociaux, pour savoir ce qui les occupe et préoccupe dans leur vie quotidienne.
Le processus d’écriture avec les enfants a façonné notre projet de telle façon qu’il ne s’agit plus d’un projet pour la jeunesse, mais d’une pièce adressée au monde entier. En somme, nous traiterons par le prisme de l’enfance avec un regard inédit un sujet de société, pour une pièce « tout public ».
Une séparation
« Suite à une première série d’une trentaine d’entretiens menés avec des enfants choisis au hasard, j’ai incidemment observé que la très grande majorité des enfants avait des parents séparés.
Les rencontres suivantes ont confirmé la tendance : un enfant sur deux vit chez l’un de ses parents, ou en alternance. La séparation et ses conséquences dans la vie quotidienne des enfants occupent une place centrale.
La littérature psychologique, judiciaire, sociologique dresse de manière exhaustive un tableau clinique alarmant de la situation. Mais nous avons voulu aborder la question du point de vue des enfants. Explorer avec eux – les premiers témoins privilégiés de ces ruptures de vie – leur perception de cet événement à la fois intime et universel.
Qu’ont-ils à dire de la séparation ? Comment la leur a-t-on annoncée ? Le savaient-ils ?
Le pressentaient-ils ? Comment ont-ils réagi ? Ont-ils pris parti ? Comment le vivent-ils au quotidien ? Quelle perception ont-ils de cet événement fondateur de leur courte vie ? »
100 questions
« Nous avons rencontré une centaine d’enfants en France et à l’étranger, et chaque fois nous concluions notre entretien par l’interrogation suivante : « Aujourd’hui, quelle question aimerais-tu poser à tes parents ? » C’est donc cent questions à l’adresse des adultes que nous avons recueillies et que nous partagerons sur scène. C’est un processus au long cours qui nous a permis de créer les conditions d’une parole authentique dégagée des principes et normes inculqués par les adultes.
La Dispute n’est ni un documentaire, ni une pièce de fiction à proprement parler, mais plutôt une fiction sur le réel. Une façon de reconstruire la séparation telle que les enfants l’ont vécue dans leur propre chair »
Mohamed El Khatib
Ils en parlent
Sur le plateau, construit en Lego, la petite troupe, au courage fou et à l’incroyable aplomb, se confie, via des discussions en son sein ou des séquences enregistrées face caméra.
Les Échos
En une heure dense et drôle, la petite bande manie l’humour et l’émotion avec un aplomb confondant.
Télérama
La parole est franche, directe, sans filtre. Capable de nous secouer d’émotions contradictoires. Mohamed El Khatib a su créer, avec l’accord voire parfois la complicité des parents, une petite communauté d’enfants joyeuse, qui regarde la vie, le monde des adultes, droit dans les yeux.
L’Humanité
1h00 – salle Antoine Vitez au théâtre d’Orléans
De 7 à 20 euros
GRATUITÉ pour les étudiant.e.s de moins de 26 ans