Belle d’hier de Phia Ménard clôture sa saison à Orléans .
Des silhouettes au travers des vitres d’une chambre froide. Les portes qui s’ouvrent. Des combinaisons qui déplacent ces figures vides mais dressés devant nous dans un crépuscule inquiétant. Ces coquilles de tissu glacées qui s’animent, se décharnent, plient. Les vêtements de travail ôtés pour faire découvrir des danseuse/performeuses en tutus. Ces femmes qui entament la décontamination, la destruction, une « lessive » de ces figures hantées devenues plates et informes. Ces draps suspendus se vidant de leur eau. Cette pluie s’écoulant sur les comédiennes. Ce rideau s’abattant entre ces femmes, comme condamnées à la quarantaine, et le public. La vapeur épaisse dans laquelle les danseuses s’évanouissent dans une lumière de fin du monde.
Phia Ménard nous parle de la transformation. Sa transformation, celle de Philippe Ménard devenu Phia, celle des femmes aussi et des clichés des genres. Elle évoque également le mythe du prince charmant et de sa dulcinée, cette image dont ces danseuses ne veulent plus entendre parler.
La scénographe présentait au théâtre d’Orléans son dernier spectacle « Belle d’Hier »,mis en scène avec Jean-Luc Beaujault. Cette pièce est la première d’un nouveau cycle de l’artiste consacré à l’eau et la vapeur après avoir exploré la glace puis le vent. au travers de ces éléments en mouvement, en changement, en mutation perpétuelle, Ménard prolonge ses interrogations sur sa propre identité (elle a décidé de changer de sexe en 2008). Dans Belle d’Hier, elle y ajoute un questionnement sur les stéréotypes et la nature même de la femme. Fini d’attendre le prince charmant ! Place à la femme guerrière libérée.