Orléans: une ville, un visage… A la rencontre de DJ Brasko
En marge du Festival Hip Hop qui s’est déroulé du 12 au 19 avril 2014, j’ai rencontré DJ Brasko.
Véritable figure à Orléans, Brasko officie depuis près de 10 ans dans la radio, les associations et bien sûr en tant que DJ.
(Crédit: FB Dj Brasko)
Qui es-tu DJ Brasko?
Je suis entré dans le monde du Hip-Hop en 1984 grâce à ma famille qui baignait dans cette culture. J’avais un frère qui travaillait en club et en radio et un autre qui était breaker. De plus, mes parents écoutaient beaucoup de musique; j’ai donc baigné très tôt dans un environnement vinyle.
J’ai donc commencé à me mettre au New Jack en club (un style de danse populaire dans les années 90), puis j’ai ressenti le besoin de m’acheter des platines. Cela a été un véritable déclic: j’étais déjà un gros consommateur de vinyles, la musique était une passion pour moi et je me suis retrouvé à commander tout le nécessaire pour mixer en une journée! J’ai appris sur le tas, et à force de persévérer, j’ai fini par monter mon premier groupe de rap, 18 KARAT.
Nous avons sorti notre première mixtape en 1999, et avons fait quelques scènes, dont l’Astrolabe, ce qui m’a permis de rencontrer d’autres acteurs de la scène Hip Hop, comme DJ Noum’z, avec qui j’ai commencé à officier sur Radio Campus pour l’émission Da Real Kicking Funksters (l’émission fêtera ses 10 ans cette année).
Grâce à cette émission, j’ai rencontré Supafuh (beatmaker et ingénieur son au sein de PolySonik et Radio Campus), avec qui je collabore actuellement (vinyles, scènes).
Le Hip Hop est une culture qui me passionne et que je trouve très enrichissante. Je suis curieux, et j’aime découvrir de nouveaux sons tous les jours.
Que penses-tu du Hip Hop de nos jours?
Je suis partagé sur ce point. En effet, je trouve que certains jeunes ont une vison réduite de la culture Hip Hop: pour eux, cela se limite à Béyoncé ou Kanye West. Pour moi, une culture ça se vit et malheureusement, certains jeunes -je ne fais pas de généralités- ne sont pas assez curieux.
D’autre part, certains médias véhiculent une image négative du Hip Hop, qu’ils considèrent souvent et à tort comme une sous-culture. Je trouve cela dommage c’est une culture enrichissante, avec de vraies valeurs et qui vaut la peine qu’on s’y intéresse.
D’un autre coté, il y a beaucoup de personnes qui cherchent à découvrir l’univers du Hip Hop, ce que je trouve très bien. Lors du Festival de cette année, j’ai rencontré un public relativement ouvert et curieux, ce qui est encourageant. En effet, la culture Hip Hop, c’est aussi le sentiment d’appartenir à une grande famille. Par contre, je trouve qu’il y a pas mal de nouveaux talents dont on ne parle pas assez.
Et le Hip Hop à Orléans?
La culture Hip Hop est assez présente à Orléans, par le biais du Festival qui a lieu tous les ans. Cet événement a été créé à l’initiative de Carl du Orléans Soul Club pour fêter les 20 ans du Hip Hop et du premier groupe de rap Orléanais.
De nombreux groupes se sont développés par la suite, tels que Baraka, Riposte ou encore La Vie d’Artiste. La scène actuelle est diversifiée donc intéressante. Je trouve que le Hip Hop a évolué de manière positive à Orléans; le milieu reste toutefois un peu underground du fait d’un manque de communication, mais il y a beaucoup de personnes motivées qui contribuent à la reconnaissance de la scène locale.
Quels sont, selon toi, les cinq albums de tous les temps ?
La question est difficile, car il y a beaucoup d’albums que j’apprécie et que je peux écouter du début à la fin.
Mais comme il faut choisir:
Mecca on the Soul Brother de Pete Rock et CL Smooth
C’est un album dont je ne me lasse pas et que je peux écouter d’une traite.
Paris sous les bombes de NTM
J’ai assisté au concert en 1995. Il y avait une telle énergie sur scène grâce à toutes les disciplines du Hip Hop (DJ, graffeurs, breakers…) qui étaient représentées; ce soir là, j’ai pris une grosse claque.
It takes a Nation of millions to hold us back de Public Enemy
Tout comme l’album de NTM, cet opus de Public Enemy m’a mis une claque, surtout au niveau technique. En l’écoutant, je me demandais- et me demande toujours d ‘ailleurs -comment 4/5 samples pouvaient tourner et donner ce résultat.
Enta Da Stage de Black Moon
Hard to earn de Gang Starr
Ce qui me plait dans cet album, c’est l’alchimie parfaite entre le DJ et le MC: le jeu des questions/réponses y est efficace.
Qu’écoutes-tu en dehors du Hip Hop?
Bien que je sois un DJ spécialisé dans le Hip Hop des années 90, j’écoute aussi d’autres sons, tels que celui de D’Angelo, Bilal ou encore Sandra Nkaké. Il ne faut pas croire que j’écoute du rap toute la journée; au contraire, j’ai des goûts musicaux assez éclectiques, et c’est cela que j’apprécie dans la musique, on en découvre tous les jours.
Un petit mot pour la fin ?
En deux phrases: mettez de l’âme dans la musique et surtout, cultivez-vous, soyez curieux !
Pour retrouver les émissions de DJ Brasko sur Radio Campus (les jeudis, de 20h à 22h), c’est par ici !
(Photos albums: Google)