Dans un essai clair et passionnant, Benoît Hachet observe les multiples formes de résidence alternée. Un texte sur le réel et sa diversité.
Que font les parents séparés quand ils n’ont pas leurs enfants ? Comment s’organisent-ils ? Pourquoi la grande majorité des parents alterne sur un rythme hebdomadaire ? À quelle distance habitent-ils l’un de l’autre ? Est-ce que les enfants ont tout en double ? Durant sept ans, Benoît Hachet a mené une enquête sur la résidence alternée, aussi appelée garde partagée. Ce livre est le fruit d’entretiens avec des parents séparés et s’adresse à tous ceux qui se questionnent sur ce mode de vie.
J’ai vécu l’alternance avec mon fils dans différents appartements. Dans l’un, la salle de bains était dans sa chambre, je devais donc passer chez lui tous les jours, qu’il soit là ou pas, depuis mon coin lit dans le salon. Dans d’autres, la salle de bains était une pièce à part ; je n’avais plus besoin de passer par sa chambre. Alors le vendredi, après son départ, j’éteignais le radiateur, je fermais la porte, et pendant une semaine, je vivais dans un appartement amputé d’une pièce, alors qu’il n’était déjà pas très grand. Je n’y entrais pas, sauf pour changer les draps. Bref, je mettais sa chambre à distance.
Dans ce livre publié en 2012, Benoît Hachet, à travers son expérience personnelle et de nombreux entretiens, explore le quotidien de parents séparés et de résidence alternée. Après une introduction sur les principes juridiques et législatifs (précisant ainsi que la notion de « garde alternée » a été remplacée par celle de « résidence alternée »), le chercheur décrypte les temps et les lieux de l’alternance. Il évite soigneusement toutes les généralités et les raccourcis pour montrer comment chaque organisation s’adapte à chaque situation. Des parents séparés, célibataires ou non, habitant à proximité ou non, organisant leur vie professionnelle selon l’alternance ou non. Apparaissent ainsi des points communs (l’interdépendance quand des couples se reforment, la difficulté de trouver et d’assumer des logements adaptés) et des notions qui pèsent sur les parents. L’un des chapitres les plus touchants est celui du temps avec la distorsion entre la semaine avec l’enfant et celle sans. Le vide provoqué par l’absence est une raison pour certains parents de fuir le logement pendant quelques jours. L’enfant devient alors la raison de réfléchir à sa parentalité et, si possible, de maintenir un dialogue permanent et constructif entre tous les parents.
Benoît Hachet reste toujours très concret dans ses descriptions et observe avec attention les possibilités pour construire la présence des parents pour leurs enfants.
Benoît Hachet, Une semaine sur deux – Comment les parents séparés se réinventent, Les Arènes, 17€
