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COVID-19 : Trois expositions consacrées aux personnels soignants.

Trois expositions, trois regards différents. Anne Bardas, Géraldine Aresteanu et Vincent Pasquier ont rendu hommage aux personnels soignants pendant la crise du Covid au CHR d’Orléans. Alors que les clusters se multiplient et que l’imprudence sévit, rappelons-nous de ce que peut causer la Covid-19. Des expositions poignantes à voir dans le hall de l’hôpital jusqu’à la fin de l’année. 

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Romain, infirmier en réanimation chirurgicale
Crédit photo : Anne Bardas

« Émouvant et encore d’actualité ! » 


24h EN RÉA – GÉRALDINE ARESTEANU

Photographe passionnée, Géraldine raconte son immersion pendant 24h au service Médecine Intensive Réanimation. Il en résulte un regard considérable sur le travail et le vécu des soignants. Vous pouvez retrouver son remarquable travail et son bel hommage sur son site internet.

« C’est en montrant qu’on peut faire comprendre ce que vous vivez ici. Cette crise sanitaire est un moment hors norme qui doit être présentée aussi à travers de votre travail, votre implication sans limites, vos fatigues, votre détermination, vos liens entre collègues, vos sourires…

Vous, vous sauvez des vies et moi je vous photographie. »

GÉraldine Aresteanu

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UN PRINTEMPS COMME SOUS VIDE – VINCENT PASQUIER

Au travers de ses photographies, ce sont 15 brefs instants d’activités de soignants du CHR que Vincent a voulu figer, sous une ligne conductrice : la vie « ordinaire » hospitalière à l’ère « extraordinaire » du coronavirus. Du 26 février 2020, date à laquelle l’hôpital accueille des cas suspects, tout bascule en quelques minutes, au 29 mai 2020 où l’hôpital panse doucement ses blessures et son activité globale de soins, on vit chaque moments et chaque détails de situations comme si l’on y était.

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LES HÉROS DE MON QUOTIDIEN – ANNE BARDAS 

J’ai eu l’honneur d’interviewer ma collègue de Pour Info à Orléans Anne Bardas qui est infirmière dans le service de réanimation chirurgicale au CHR D’Orléans. En parallèle de son métier d’infirmière, elle exerce notamment la profession de photographe. On peut admirer son travail sur ses pages Facebook et Instagram.

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Crédit photo : Audrey PIAO
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Crédit photo : Audrey PIAO
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Crédit photo : Audrey PIAO

Pendant 3 mois, Anne a photographié ses collègues du service de Réanimation chirurgicale de l’hôpital d’Orléans. Elle a aussi capté ceux venus en renfort pour les aider mais aussi ceux de la salle de réveil transformée en réanimation polyvalente non COVID.

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Gaëlle, infirmière et Sébastien, aide soignant
Crédit photo : Anne Bardas


Tu étais en première ligne sur le terrain, quelles ont été tes impressions ? 
C’était nouveau, stressant et parfois très impressionnant par ce qu’on voyait, du fait qu’on était en équipe ça aidait énormément à subir toute cette angoisse. Comme c’était nouveau on ne savait pas tellement vers quoi on allait donc c’est ça qui était un peu difficile. On avait toujours cette peur d’être en danger, on était à la fois angoissés, apeurés mais à la fois fallait y aller, c’est notre travail de tous les jours sauf que là il y a une notion de bactérie que l’on ne connaît pas et qui mettait cette pression et ce danger. Le travail en lui même c’est ce que l’on fait tout le temps, là dessus cela ne m’a pas impressionné plus que ça.

Comment es-tu arrivée à faire un reportage au cœur de la réanimation chirurgicale ?
La photographie dans notre service est très présente. Chaque année nous participons à un concours national. Là on s’est dit qu’il fallait garder des traces de ce que nous vivions. J’ai d’abord photographié les locaux qui étaient totalement repensés, car on ne s’en rend pas compte comme ça mais tous les services ont été modifiés d’un point de vue structure. Puis j’ai commencé à prendre mes collègues en photo. J’en ai publiées quelques unes sur mon compte Instagram et là, les gens étaient très contents de découvrir les visages de ces « héros » comme on nous appelle. Je me suis donc dit que j’allais leur montrer qui étaient ces soignants qui toute l’année s’occupent d’eux et pas uniquement pendant la COVID. On avait beaucoup de messages d’encouragements, ça fait chaud au coeur ! 

Cela n’a pas été difficile d’entreprendre les démarches auprès de tes collègues ? 
Pas du tout, on est habitué, j’ai proposé à mes collègues de les prendre régulièrement en photos pour pouvoir montrer aux gens qui ils sont, et aussi pour garder des traces des personnes qui sont venues d’autres services nous aider, garder leurs visages en souvenirs. C’est un moyen de les remercier et ça portait un peu de légèreté dans tout ce qu’on a pu vivre, on est content de l’avoir fait. 

Combien de photos as-tu prises et combien en as-tu dévoilées ? 
J’ai pris un peu plus de deux cent portraits. Des portraits de mes collègues en réanimation chirurgicale et ceux qui sont venus nous aider; des médecins, infirmiers, internes. Il y a aussi ceux du bloc opératoire, salle de réveil qui ont accueillis nos patients de réanimation non Covid. J’arrivais plus tôt et partais plus tard pour les photographier. C’était très important pour moi, il ne fallait pas qu’on les oublies, il ont fait un énorme travail. J’ai pris des photos aussi dans notre quotidien d’action que je n’ai pas dévoilées parce que c’est rentré dans une intimité qui est un peu plus délicate que je ne voulais pas dévoiler sur les réseaux sociaux. J’ai des photos où on rigole malgré tout, j’ai une série de photos que j’ai appelé la fashion week où on nous voit déguisés en peintre, en vétérinaire avec des couleurs improbables, ça c’est notre intimité à nous, je l’ai gardé pour nous.  

Pourquoi avoir choisi le noir et blanc ? 
J’aime beaucoup traiter la photo en noir et blanc, je trouve que ça apporte beaucoup d’émotions. Je voulais apporter une note artistique à tout ça parce-que ce que l’on a vécu était très violent. Le noir et blanc adoucit la scène que l’on peut voir et les couleurs étaient en fait très violentes, il y avait aucune cohésion de couleurs, je trouvait ça brutal au niveau visuel. J’ai choisis le noir et blanc, je suis contente, je trouve qu’avec les portraits ça fonctionne bien, on voit vraiment les émotions de mes collègues et au niveau des scènes ça apporte une touche intimiste aussi et c’est peut-être plus doux que si j’avais laissé la couleur. Ça me sortait de mon quotidien à moi aussi, parce-que c’est ce que je vivais en permanence. Si moi-même j’apportais pas cette légèreté c’était compliqué à vivre tout le temps, j’en sortais jamais au final du Covid. 

Comment tes collègues ont réagis en découvrant les photos ? 
Ils étaient contents et étonnés car c’est toujours étonnant de se voir en photo, en plus de se voir « déguisé » c’est encore plus étonnant, parfois on arrivait pas à se reconnaître même en photo. Ils étaient contents aussi ils attendaient un petit peu la ou les stars du jour, ils disaient « tu vas publier qui ? » ils attendaient le moment sur Instagram qui j’allais mettre en photo. C’était très drôle et vraiment ça a apporté un côté plus léger à notre quotidien et c’était très agréable. 

As-tu une anecdote marquante à partager avec nous ? 
Quelque chose de très marquant ça a été les chirurgiens qui poussent les lits des patients, ça c’est ce que tu ne verras jamais. C’est eux qui ont déménagé notre réanimation vers la réanimation non Covid pour qu’on puisse accueillir nous les Covid. Il y a trois chirurgiens sur la photo, jamais tu ne le verras, ce n’est pas leur travail de le faire, ils étaient contents de faire le travail des anesthésistes c’était vraiment dingue. Pendant le déménagement on aurait dit une bataille, il y avait du monde qui gravitait partout, le personnel de cliniques aussi était là. Si on doit le revivre, on en a pas envie.

Que retiendras-tu de cette expérience et quels sont tes prochains projets ? 
L’expérience Covid était très compliquée, on avançait tous ensemble. En terme de cohésion d’équipe c’était super bien, en terme d’humilité, souvent je dis ça car tout le monde était au même niveau. On ne connaissait pas la pathologie, tout le monde avançait ensemble, il n’y avait plus de hiérarchie médecin, infirmiers, aides soignants tout le monde luttait ensemble. Pour l’expérience photo, moi qui ne fait pas forcément de portraits plus que ça parce que ce n’est pas mon truc de prédilection, ça a été pour moi un bel exercice sans qu’eux même le sache. C’était plutôt agréable à faire et dans un contexte où c’était encore plus difficile, je suis contente finalement de l’avoir fait, d’avoir montré aux gens qui nous sommes. Pour moi l’objectif principal d’avoir pris ces photos c’est de montrer qui nous sommes toute l’année à l’hôpital en réanimation et autres services pour s’occuper des gens, qu’on existe en dehors du Covid et qu’on a toujours existé et que la réanimation et les autres services existent en dehors du Covid. Pour mes projets photos, on m’a contacté pour deux projets qui se rejoignent avec deux directives différentes. L’un est de prendre des photos de portraits de femmes pour la journée de la femme. Et l’autre projet, suite à une personne qui est venue voir l’exposition ici, de prendre des portraits de femmes sportives influentes, des femmes fortes. Si les projets se concrétisent ce serait le prochain grand projet photos. 

La deuxième vague commence à arriver. Quelles sont tes/vos appréhensions au sein du service de réanimation chirurgicale ? 
Mon appréhension n’est pas de devoir affronter de nouveau la COVID mais de devoir le faire en effectif réduit car à force de conditions de travail précaires et de non reconnaissance que l’on déplore depuis des années, des soignants ont quitté le navire depuis la fin de la 1ère vague. Et bien sûr, ils n’ont pas tous été remplacés ou par des soignants sortis d’école. De plus, il y a beaucoup de patients non COVID relevant de la réanimation ou des soins intensifs dont il faut s’occuper car on ne peut pas remettre à demain un arrêt cardiaque, une tumeur qui grossit, un accident de la route ou domestique… et tous ces gens nous devons nous en occuper mais en effectif restreint et ça, c’est insupportable, intolérable. Pourtant nous avions tiré la sonnette d’alarme. Le personnel soignant médical et paramédical s’essouffle et s’épuise.

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Anne Bardas, infirmière en réanimation chirurgicale
Crédit photo : Romain S.
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Un commentaire

  1. Superbe reportage .merci Audrey .et un grand merci à Anne pour ces photos .Vous faites un métier passionnant et je vous souhaite bon courage ,et je pense que vous en aurez besoin .courage à tous vos collègues aussi .Merci .

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