Rencontre, j’irais dormir sur la Loire !
Aujourd’hui nous allons découvrir Denis Raimbault alias Lee Gerien et son association Coeur de Loire qui propose des balades et surtout de l’hébergement insolite pour la nuit à bord de son bateau atelier à Meung-sur-Loire.
Petite présentation
« Bonjour je m’appelle Denis Raimbault, je suis marinier depuis une quinzaine d’années. J’ai commencé ma vie fluviale lorsque j’étais restaurateur à Saumur ou j’ai été initié par Denis Retiveau, vigneron et marinier qui m’a emmené dans des navigations sur la Loire. Dès la première fois, j’ai été piqué, j’ai eu envie d’un bateau pour faire ce que j’avais envie. J’en ai acheté un, deux, puis trois. Ayant eu des bateaux avec des coques en aluminium, j’ai une bonne expérience de la vitesse en Loire. Durant cinq ans, j’ai participé aux navigations pour relier Montsorreau (en amont de Saumur) à Noirmoutier. J’ai parfait mon expérience avec les grands marins de Loire que sont Jean-Marc Benoit, Alex Tatus Fagat, Bertrand Deshayes (il prononce affectueusement dé-za-yess ), Benoit Perdriau et les challenges du vin des globes ou encore de la route du rum … »
[NDR : Bertrand Deshayes nous dira que Denis est l’un des rares qui l’impressionne du fait de sa lecture instinctive de la surface de la Loire pour savoir ou naviguer]
L’association Cœur de Loire sera créée fin 2016 et entame sa deuxième année d’activité.
« La nouveauté pour moi ça a été la navigation avec transport de passagers : naviguer à ses risques et périls c’est une chose, avec des passagers, être agréé, assuré et avoir l’Autorisation Spéciale Passagers (L’ASP) c’est ce qui fait la différence : c’est une lourde responsabilité. Tous les jours tu dois veiller sur ton bateau comme avec un animal de compagnie : il faut le choyer, il faut aussi parfois le bousculer en l’emmenant dans des endroits pas faciles. »
Denis a été un peu plus timoré sur sa première année de navigation à Meung « je découvrais le terrain de jeu : il y a le pont, les pierres, on n’a pas envie de casser le moteur. L’association locale de Mariniers « Les Carnutes » ont été d’une aide précieuse pour m’aider à aller chercher le bateau, sur la Seine, me faire découvrir les passages, pour emmener les bateaux sur le festival de Loire, on a eu aussi de bons moments avec des petits « mangemants », des petits pic-nics ensemble sur la rivière. »
[NDR Un marinier authentique ne vous parlera jamais de fleuve, qui est un qualificatif administratif, mais appellera la Loire « sa rivière » car on est amoureux d’une rivière, pas d’un fleuve … ]
« Pour moi, plus important que tout c’est transmettre ce que l’on sait. J’ai lu l’histoire de la marine de Loire, l’histoire des bords de Loire, l’histoire des différents villages, des différentes communautés marinières … et spécialement à quelqu’un de novice. Le reproche que je peux faire à la marine de Loire moderne c’est que le marinier vit un peu en autarcie, il aime son association à lui, il navigue avec son bateau, ses copains … mais qu’est-ce qu’ils se ferment entre eux. Il faut partager et recevoir. Lorsque tu ouvres l’accès de ton bateau à un touriste étranger ou même à quelqu’un du coin, il te fera comprendre la chance que tu as de naviguer ou tu veux et de voir les paysages autrement »
Pourquoi as-tu choisi Meung-sur-Loire ?
« Il y a déjà la présence de mes amis de l’association Les Carnutes mais qui ne font pas de balades passagers, c’était un secteur vierge où il y avait de quoi animer avec une histoire, la présence de deux châteaux et puis surtout une municipalité très motivée, que je remercie tous les jours et qui a bien aidé pour les autorisations, la mise à disposition de toilettes sèches, de rails à vélo pour accueillir les gens qui font la Loire à vélo. »
Le chemin de randonnée de La Loire à vélo passe côté Mareau aux prés, rive sud et il faut franchir le pont pour rejoindre le port
Présentation du bateau atelier
« C’est un bateau en bois, ramené de la Seine il y a 1 an et demi. J’ai une relation particulière avec lui, car ça en a surpris plus d’un lorsque l’on a aménagé et rendu hyper fonctionnelle cette petite cabane en bois de 9m² : ce qui est petit est mignon. » [NDR Cette cabane est vraiment cosie !]
« Tu mets le chauffage gaz, il fait 22° tout de suite, t’as pas de pb de CO² car c’est ventilé partout. On est dans un cadre exceptionnel : entre Muids sur Loire et Orléans, personne ne peut dormir dans de telles conditions en étant bercé par le bruit de l’eau qui passe sur les ruines du vieux Pont de Meung, au bord du port des Carnutes avec les bateaux au fond, entre les deux ponts avec un panorama vierge de maisons. Tu es 3m sous le niveau de Meung sur Loire et tu es le seul à dormir à ce niveau-là. Tu es en accord avec ce que j’appelle l’ECO-Logique. Là tu viens découvrir l’inconfort ! Mine de rien tu découvres un truc qui te fait prendre conscience que tu as de la chance : tu retournes aux fondamentaux, tu refais marcher tes sens. Sur la terre on a appris à les saturer par le bruit, la sur-communication, la publicité, le commerce, par la bêtise de gens et parfois leur inhumanité. Quand tu viens sur l’eau, guidé par un marinier bienveillant, tu réapprends à respirer, réentendre, redécouvrir l’histoire, redécouvrir le paysage et la faune … 70% de nos clients sont des Magdunois ou Balgentiens qui sont même venus dormir à bord ! »
Quelles activités propose Coeur de Loire ?
« Nous proposons des balade en bateau toute l’année sauf quand le niveau d’eau est en deçà de -80cm pour le simple raison que si je franchis le pont de Meung, on se fait emmener dans des cailloux ou l’on en frottera un peu. En revanche on ne pourra pas remonter. J’use de ce cas de mon droit de retrait de capitaine car je juge que c’est dangereux pour les passagers ET pour le bateau.
La deuxième activité dont le succès nous a surpris, c’est l’hébergement insolite 42 nuits en 2017 en commençant les locations à partir du 15 juillet. Au vu de ce résultat on a décidé de tabler sur 70 / 80 nuits. Depuis mars, on est déjà à 10 nuitées y compris le réveillon, des gens qui viennent voir Chambord et qui profitent d’une nuit sur le bateau, on a aussi fait une quinzaine de chèques cadeaux. Nous avons un partenariat avec le département qui nous a fait un beau site web »
Navigation, hébergement, animation musicale mais aussi repas car on peut manger à bord de ce bateau. « On a le relais Louis XI à proximité qui nous partage ses bonnes adresses de fournisseurs notamment pour la côte de bœuf grillée sur le bateau, qu’on prépare ensemble qu’on cuit ensemble, qu’on découpe ensemble , qu’on déguste ensemble car il y en a pour tout le monde : ce plat a pour moi une vraie âme gastronomique : je milite pour la présence d’un barbecue à bord de tous les bateaux de Loire ! »
Comment as-tu vécu ton Festival de Loire 2017 ?
« C’était la première fois que je le faisais en tant qu’armateur. On a pas fait un grand festival de Loire au point de vue commercial. Après c’est une belle expérience, c’est emmener les bateaux jusqu’à Orléans, travailler avec les médias pour nous faire connaître, et puis ça a été l’occasion de remercier tous nos partenaires et de leur montrer qu’ils avaient eu raison de nous avoir aidé à porter ce projet. »
Tu as aussi de talents de musicien ?
« Il est vrai que c’est une autre corde à ma guitare mais j’ai beaucoup de pudeur par rapport à ça car je ne me suis jamais pris pour un artiste. Je crois simplement que parfois j’ai une émotion, une vibration que je transmets, d’autre fois je suis plutôt à faire rire les gens. Je n’en vis pas, j’ai dû vendre une centaine de disques. Lorsque l’émotion me saisit alors la partie artistique, l’écriture s’exprime, la musique résonne en moi. Je ne fais pas ça pour l’argent, mon bonheur je le trouve ailleurs : si ça contente ne serait-ce qu’une seule oreille, ça me ravit ; si je provoque une émotion et que je vois une larme couler pour moi c’est un sentiment exceptionnel ! On dit que faire rire c’est difficile, moi j’y arrive relativement facilement mais faire pleurer c’est beaucoup plus difficile ce n’est pas un choix que de vouloir faire pleurer, c’est le choix de la personne devant toi. »
Quels projets pour le futur ?
Un bateau un peu plus grand pour transporter 12 passagers avec une coque métal …
Merci Denis pour le temps que tu nous a consacré. Que le vent de Galarne te porte loin et longtemps.
Contact : https://www.facebook.com/coeur2loire/